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by • 12 janvier 2023 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 13 janvier 2023.590

Essor Sarladais du 13 janvier 2023.

CHOISIR SON DESTIN.

Le Tour des Livres.

En ce début de XX° siècle, le père d’Ange, modeste agriculteur, imagine sa fille devenir maitresse d’école. Mais elle rêve d’un autre destin. Tel est le thème du beau roman de Gilles Laporte, « Le Souffle d’Ange », paru aux Presses de la Cité. Depuis qu’elle a entendu l’orgue de l’abbaye de Saint-Wandrille, en Normandie, Ange a décidé d’apprendre à maitriser cet instrument aux mille voix et à fabriquer de semblables merveilles. C’est plutôt un métier d’homme, mais rien n’arrêtera la jeune femme. En compagnie de son mari, Fortunato un immigré italien, elle gagne les Vosges où se trouve la prestigieuse manufacture Jaquot-Jeanpierre. Ce choix définitif lui permettra de rencontrer de grands noms de la musique de son époque. Avec son style élégant et poétique, Gilles Laporte nous raconte la vie d’Ange, depuis son premier émoi musicale en 1903 jusqu’à la réparation de l’orgue de Saint-Martin-de-Boscherville, endommagé par les bombardements de 1944. « L’orgue avait chanté, rugi, roulé, murmuré si longtemps que, sa voix divine devenue écho, les jambes des visiteurs avaient rechigné au moment de se lever. »

Un siècle plus tôt, il est plus difficile pour une femme de choisir sa vie. Il faudra cinq générations aux héroïnes d’Olivier Bonnet, auteur d’origine périgourdine, pour acquérir un peu de liberté, dans son beau roman « Les Dames de Gascogne », paru chez TDO. Abandonnée à sa naissance, Marie a été adoptée par un pêcheur de La Teste. Lorsqu’Eugène meurt noyé dans les passes du bassin d’Arcachon, elle n’a d’autres choix que de travailler à l’usine de poisson. Pas d’école pour les filles, à cette époque. Mais elle a appris à lire et à écrire auprès des sœurs, et elle peut exercer comme secrétaire. Son ami Martin, boursier, part étudier à Bordeaux. On pourrait croire à une version gasconne et féminine des « Misérables », mais l’ascenseur social se met progressivement en marche, jusqu’à Marie-Thérèse, épouse de magistrat, qui se retrouve dans une chartreuse périgourdine, près de Bergerac. Citons le grand Montaigne qui disait déjà à la Renaissance : « Les femmes ont raison de se rebeller contre les lois que nous avons faites sans elles. »

C’est une forte intrigue qu’Eric Le Nabour situe en Bretagne dans « Cruels sont les rivages », publié aux Presses de la Cité. Après la mort de Romain, son mari, Laura abandonne son métier de policière pour ouvrir une boutique à Quiberon. Trois ans plus tard, un homme s’approche d’elle : c’est Romain, aussitôt abattu. Il n’était donc pas mort ! Laura se lance dans une terrible enquête où elle ne pourra se fier à personne.

Fidèle à sa Catalogne, Hélène Legrais nous fait découvrir les beautés de la céramique dans « L’Alchimiste de Saint-Vicens », paru chez Calmann-Lévy. Situé dans les années 50, son roman met en scène Picasso et Jean Lurçat dont les œuvres ne plaisent pas à tous le monde.

                                                                  Jean-Luc  Aubarbier.

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