MENU

by • 6 juin 2025 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 6 juin 2025.79

Essor Sarladais du 6 juin 2025.

Noir c’est noir.

Le Tour des Livres.

Les dames du jury du prix des romancières ont eu l’excellente idée de décerner, pour la première fois, leur trophée à un roman noir. Hervé Commère a eu le privilège méritée de recevoir ce prix 2025, qui lui sera remis lors du salon alsacien de Saint-Louis pour « Dernier Cri », publié chez Fleuve Noir. Ex policier héroïque, Etienne Roziers est devenu un lobbyiste musclé, chargé de convaincre les récalcitrants. La cinquantaine venue, il croise la route d’Anna, qui était la plus belle fille du lycée, et décide de s’offrir un moment de plaisir souvenir. Comme il sort de la douche, il la retrouve étranglée sur le lit. Comprenant que tout l’accuse, il entre en clandestinité et mène sa propre enquête. Journaliste, Anna lui avait dit qu’elle fouinait du côté d’Elbeuf, en Normandie, sur les traces d’industriels qui participaient au trafic de clandestins. Elbeuf, il connait, il y a passé une partie de son enfance. Ce n’est pas Chicago, plutôt une ville de déclassés et de chômeurs largués par une industrie textile déclinante. Ce sont ces derniers, des zadistes, des laissés-pour-compte, qui vont l’aider à découvrir la vérité. Un roman sociologique fort sur le poids des origines et les fracture du monde moderne.

Benjamin Dierstein vient d’initier, chez Flammarion, une série de trois romans dont on va parler longtemps. Avec « Bleus, Blancs, Rouges », le premier opus, il traverse les années Giscard,  avec quatre personnages : Jean-Louis Gourvennec, un brigadier traumatisé par la mort d’un collègue en mai 68, qui infiltre un groupe proche d’Action Directe, deux policiers débutants, Jacquie la bonne élève et Marco le réac ambitieux, et Robert Vauthier, un mercenaire qui s’en vient régner sur le milieu et les nuits parisiennes. Quatre destins qui vont traverser ces années de plomb à la française, où l’on croisera Pierre Goldman, Jacques Mesrine, Bokassa, Alain Delon et Omar Bongo. Un roman fleuve de 800 pages savamment documentées qui oscille entre le tragique et le comique. Le pays vient d’achever ses Trente Glorieuses et s’apprêtent, sans le savoir, à plonger dans le déclin. L’auteur avoue s’être inspiré du James Ellroy d’American Tabloïd pour concocter ce récit où le courant de l’Histoire emporte les protagonistes. On attend la suite (qui couvrira les années Mitterrand) avec impatience.

On peut être un célèbre auteur de polar, et aussi le protagoniste d’un roman noir. C’est ce que nous démontre l’Argentin Juan Sasturain avec « Le dernier Hammett » paru dans la série Noire de Gallimard. Dashiel Hammett vient de purger six mois de prison et souhaite se consacrer à son nouveau roman. Mais une vieille connaissance, le colonel Lindgren, rencontré lors de la guerre des Aléoutiennes en 1941, le convainc de raconter sa vie, riche en anecdotes. Hammett se retrouve empêtré dans un dangereux imbroglio. Un roman construit comme un jeu de miroirs.

Premier roman pour Frédéric Potier avec « La Menace 732 » publié chez Mikros noir. Ancien préfet et énarque, l’auteur nous entraine dans une politique fiction où un mouvement d’extrême-droite menace de renverser la République. Mais Nina Meriem, capitaine de la DGSI, veille.

                                                                                   Jean-Luc  Aubarbier.

Comments are closed.