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by • 1 octobre 2021 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 1 octobre 2021.817

Essor Sarladais du 1 octobre 2021.

AU NOM DU PERE.

Le Tour des Livres. 

La figure paternelle préside cette rentrée littéraire, dans ses aspects les plus divers. Les lecteurs de Sorj Chalandon connaissent déjà son géniteur mythomane, à travers « Profession du père ». Avec « Enfant de salaud » toujours chez Grasset, ils en découvrent la genèse. Lorsque le grand-père de l’auteur lui révèle avoir vu son fils en uniforme allemand, il ajoute : tu es un enfant de salaud. L’enquête (et la quête) du père va se révéler aussi fructueuse que frustrante. Entre 1940 et 1945, l’homme va porter cinq uniformes différents, et déserter autant de fois. Engagé à 18 ans, il reste dans l’armée de Vichy. Il la quitte pour la Légion Tricolore, future division Charlemagne (les SS français), mais il ne combat pas. Après avoir travaillé pour l’organisation Todt, il rejoint les FTP (lui l’anti-communiste) et participe trois mois au combat de la Résistance. Il s’enfuit une nouvelle fois pour entrer dans l’armée américaine. Finalement arrêté, il est condamné à un an de prison. Il n’a ni dénoncé, ni torturé, comme le craignait son fils. Il est juste un menteur pathologique, quelqu’un qui se rêve plus grand qu’il n’est, qui préfère passer pour un salaud que ne pour un minable. Il assiste au procès de Klaus Barbie, aux côtés de son fils, mais ne lui dira jamais la vérité sur ses motivations réelles.

Mon père, ce héros, tel est le thème de « La Volonté », édité chez Gallimard, où Marc Dugain nous raconte l’histoire de son père. Il se rêvait capitaine au long court, mais la polio, en 1941, en a fait un infirme. Il va faire de ce handicap un point d’appui de sa réussite, devenir ingénieur, épouser celle qu’il aime, malgré la méfiance des familles. Lui, le boiteux, fera sa carrière dans les voyages à l’étranger, au service des autres. Pas facile pour le jeune Marc Dugain, de rivaliser avec ce père qui exacerbe l’image de l’homme viril et qui réussit tout. « J’ai failli le rater de peu » écrit-il ; il est mort à 56 ans. Le père, cet être étrange, souvent absent, et si difficile à aimer. Marc Dugain a quitté le Périgord pour rejoindre ses racines en Bretagne.

Attachée à son père par un lien très fort, Amélie Nothomb a voulu rendre vie à celui-ci, disparu l’an passé, avec « Premier sang » , chez Albin Michel. Fille d’un diplomate belge, née au Japon, elle ramène à la mémoire l’histoire de son père, avant sa propre naissance. Elle redonne vie au château du grand-père, à la tribu loufoque qui y passait des vacances. Une époque où les jeunes mourraient de faim, mais étaient heureux. Elle raconte l’épisode, au Congo, où son père, prit en otage, subit un simulacre d’exécution, avec un flegme dès plus britannique. C’est ce jour là qu’il décide d’avoir un troisième enfant : ce sera Amélie.

Christine Angot a maintes fois raconté l’histoire de ce père qui l’a abandonnée à sa naissance, avant de la retrouver, treize ans plus tard, et d’établir avec elle une relation incestueuse. Avec « Le voyage dans l’est », paru chez Flammarion, elle rassemble les éléments de sa propre histoire, et en dresse un bilan, dans un style sec, dépourvu de pathos. La seule manière de dire l’indicible.

                                                                       Jean-Luc  Aubarbier.

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