MENU

by • 30 juin 2023 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 30 juin 2023.305

Essor Sarladais du 30 juin 2023.

En toute femme une sorcière sommeille.

Le Tour des Livres.

« En toute femme sommeille une sorcière » préviens la romancière périgourdine « Guillemette de La Borie ». Son nouveau roman, « Nous sommes les sorcières », paru aux Presses de la Cité, se déroule en Périgord,au lieu-dit « Prends-toi garde ». Traumatisée par une agression, Sylvia fuit Paris pour se réfugier dans une maison perdue, délabrée, qu’elle a héritée de sa grand-mère. Elle veut oublier sa vie d’avant, ne plus rencontrer personne, et accepte un dénuement quasi-total, se nourrissant de ce que la nature lui donne. Au-delà de cette immersion, elle découvre qu’elle possède un don, celui de « lever le feu », probablement hérité lui-aussi de cette grand-mère que l’on disait sorcière. Sylvia découvre une bibliothèque étrange, où elle apprend les plantes qui guérissent. Peu à peu, elle se fait une clientèle, qui ne peut lui donner de l’argent, c’est la règle, mais la nourrit. Cette réputation de sorcière lui attire aussi des désagréments : depuis le Moyen Age, on n’aime pas le pouvoir des femmes. Jusqu’au jour où elle rencontre Sybille, étudiante infirmière et pompier volontaire, qui accepte d’apprendre d’elle. Un beau roman d’apprentissage avec une ambiance ‘nature magique’ où humains, animaux et plantes sont en résonnance.

C’est pour honorer le métier de sa mère que Gérard Georges a écrit « Jeanne, la brodeuse au fil d’or », réédité en poche chez de Borée. Elle voulait devenir institutrice, mais dans ce Forez des années 30, elle se vit contrainte de reprendre le métier de sa mère : grenadière. Les grenadières brodaient les passementeries sur les uniformes militaires. Une petite vie que nous suivons depuis ce certificat d’études qui clôt le temps de l’école, jusqu’à la naissance de son premier enfant. Mais une vie riche de valeurs humaines. Surtout quand la guerre s’annonce, et que la résistance prend forme. Gérard Georges fait revivre ce métier disparu avec une écriture ciselée comme les broderies qu’il décrit si bien.

C’est dans la Provence de Giono, plutôt que dans celle de Pagnol, que nous entraine Frédérick d’Onaglia avec son nouveau roman « Les Princes de la vallée » paru aux Presses de la Cité. Directrice du parc des Cygalines, dans les Alpilles, Claire veut à tout prix empêcher la destruction de la chapelle de Trémaïé, qui remonte aux premiers temps du christianisme. Son adversaire, Victoire de Montauban, femme autoritaire et tyrannique, veut la raser pour relancer l’antique vignoble d’exception qui  poussait sur le champ de la Stèle. Un duel de femmes va opposer Claire, qui est restée infirme suite à un accident et se donne à son métier, et la redoutable marquise. A moins que les fouilles ne révèlent un terrible secret de famille qui remonte à la fin de la guerre.

C’est en Auvergne, sur fond de première guerre mondiale, que nous conduit Antonin Malroux avec « L’Académicien de juillet » chez Calmann-Lévy. Simple fille de ferme, Julie a épousée Jules le fils de la famille où elle travaille. Mobilisé à peine marié, Jules est tué. Les beaux-parents verraient bien Julie se remarier avec Victor, un employé, afin que la propriété ne tombe pas en friche. Mais Fernand, le frère ainé, disparu, ressurgit bien à propos.

                                                           Jean-Luc Aubarbier.

Comments are closed.