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by • 26 janvier 2017 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 27 janvier 20172214

ESSOR SARLADAIS du 27 janvier 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

GROSSIR LE CIEL.

Le Tour des Livres.

 

Nouveau venu dans le paysage littéraire, le Corrézien Franck Bouysse fait un carton avec son « Grossir le ciel » paru à La Manufacture de Livres (et à présent en Livre de Poche). Il a fait une razzia dans les prix littéraires réservés aux polars, mais son roman ferait plutôt penser à « La Grande Peur dans la Montagne » de Ramuz. Dans un hameau perdu au fin fond des Cévennes, il ne reste plus que deux habitants, aussi solitaires l’un que l’autre. Gus ne parle guère qu’avec son chien Mars et avec ses vaches. Abel, plus âgé, est devenu par défaut son seul ami : ils s’entraident pour les travaux et partagent parfois le pain et le vin. Un beau jour (marqué par la disparition de l’abbé Pierre), tout change. Gus entend un coup de feu, remarque une étrange tâche de sang dans la cour de la ferme de son voisin, puis des traces de pieds nus dans la neige. Mars, le chien, semble terrorisé. Abel devient méfiant… à moins qu’il ne s’agisse d’une impression. Car les non-dits et les silences sont beaucoup plus importants que les banalités échangées par les deux hommes. Quel secret, quel drame, abrite le hameau des Doges ? Un style fleuri, détaillé, pour décrire une ambiance rurale et une nature mystérieuse.

Pour son premier roman, l’Américaine Emma Cline a choisi la secte de Charles Manson pour inspirer « The Girls », paru chez Quai Voltaire. Adolescente perturbée et mal dans sa peau, la jeune Evie est fascinée par un groupe de filles et de garçons plus âgés qu’elle, qui semblent vivre différemment, dans une liberté porteuse de sens. A la fin des années 60, dans le nord de la Californie, les jeunes filles sont censées recevoir une bonne et classique éducation, sous la houlette de parents vigilants. Mais le père d’Evie est absent, et la mère bien faible. Evie aspire à une autre vie, imprécise ; elle mime les sentiments amoureux sans les ressentir vraiment. Russell, le leader charismatique de la secte, la fascine. Il est exotique, excitant, électrique ; elle est prête à tout pour rejoindre le groupe. La romancière concentre son histoire sur une Evie vieillie, toute cabossée par son aventure.

Tout au contraire, sur le même sujet, Simon Liberati, dans « California Girls », paru chez Grasset, livre avec force détails les 36 heures pendant lesquelles les membres de la secte de Charles Manson vont s’acharner sur Sharon Tate, l’épouse enceinte de Roman Polanski, et sur ses amis. Pendant leurs procès, les trois jeunes femmes meurtrières vont défier les tribunaux américains qui veulent les réduire à une bande de droguées. Drogue, sexe et rock’n roll unissent les membres de la secte derrière leur gourou vénéré. En 1969, l’Amérique découvre qu’une partie de sa jeunesse a basculé dans le coté obscur et monstrueux.

Spécialiste des services secrets, David Defendi nous propose un vrai roman noir avec « Têtes de dragon » chez Albin Michel. En banlieue parisienne, une partie de poker s’achève dans un bain de sang. Christo, un militaire tout juste rentré d’Afghanistan, n’a pas accepté de se faire rouler. Arrêté par la police, il est aussitôt repéré par Finville, le commandant de la DGSI. Plutôt que de le laisser croupir en prison, ne vaudrait-il pas mieux utiliser les formidables capacités de combattant du jeune homme ? Christo reçoit pour mission d’infiltrer un gang de cambrioleurs spécialisés dans l’art chinois. Mais est-il contrôlable ?

Chez le même éditeur, Ian Manook poursuit les aventures du commissaire Yeruldelgger, policier à Oulan-Bator, en Mongolie, avec « La mort nomade ». Alors qu’il s’est retiré dans le désert de Gobi, pays de ses ancêtres, deux étranges cavalières vont le replonger dans une aventure encore plus sauvage que les deux précédentes. Car la Mongolie, immense steppe livrée au chamanisme et au nomadisme, est aussi un enjeu pour les affairistes et les multinationales. D’un trait de plume aussi rapide qu’un virement bancaire, l’auteur nous fait franchir les océans, jusqu’à Manhattan, au Québec et en Australie.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

 

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