MENU

by • 1 avril 2021 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 2 avril 2021.1073

Essor Sarladais du 2 avril 2021.

Fantômes du passé.

Le Tour des Livres.

   « Armel Job excelle à révéler l’âme de ses personnages, transformant une histoire toute simple en tragédie grecque » a écrit la journaliste de Femme actuelle. Cette critique s’applique parfaitement au dernier roman de l’auteur belge, « Sa dernière chance », publié chez Robert Laffont. A 39 ans, Elise, célibataire, a toujours servi de bonne d’enfants à sa dynamique sœur, Marie-Rose, gynécologue, et à son beau-frère, Edouard, agent immobilier. Elle décide de vivre pour elle-même et, grâce à internet, elle donne rendez-vous à Pierre, antiquaire à Liège. Cette liaison n’est pas du goût de la famille qui tient Elise sous sa coupe, sous le prétexte d’une faute professionnelle commise autrefois. Après enquête, Edouard et Marie-Rose découvrent que l’antiquaire est un escroc qui en veut aux économies d’Elise. Mais celle-ci persiste dans sa liaison et veut même épouser Pierre. Pire, il semblerait que leur rencontre ne soit pas due au hasard, mais que le chanoine Grimaux, collectionneur d’objets volés, y soit pour quelque chose. Mais rien ne semble pouvoir arrêter ce cœur simple dans sa détermination à convoler. Quelle est le véritable but d’Elise ?

C’est une autre histoire embrouillée que nous narre Marie Ndiaye (prix Goncourt et prix Femina) dans « La Vengeance m’appartient » publié chez Gallimard. Lorsque maître Susane, avocate bordelaise, reçoit Gilles Principaux, elle croit reconnaitre un garçon qu’elle avait rencontré quand elle avait dix ans, et lui quatorze. Elle ne garde qu’un souvenir flou et ébloui d’une fulgurante passion. Il lui demande de défendre son épouse, Marlyne, qui a tué leurs trois enfants. L’avocate est d’origine modeste, manifeste un humanisme exagéré, elle croit se souvenir que sa mère, femme de ménage, avait travaillé chez les Principaux, à Caudéran, le quartier chic de Bordeaux.  Gilles n’a-t-il aucune responsabilité dans la mort de ses enfants ? Un texte à mots clés, comme une analyse, un roman qui pourrait évoquer le brouillard des écrits de Patrick Modiano.

C’est également à Bordeaux, ville de son enfance, que Philippe Sollers situe « Agent secret », publié au Mercure de France. Il s’agit d’explorer les mystères de sa propre existence, de sa jeunesse dans la capitale girondine et à l’ile de Ré, découvrir le monde dans sa réalité, connaître la mort, en vraie, qui commence par la disparition de l’enfance. La vérité, c’est aussi décrypter les mensonges des adultes, dans l’époque trouble de la guerre. Puis accéder à l’essentiel, par la littérature, l’art et l’amour. Philippe Sollers publie en même temps « Légende », chez Gallimard, où il trace le bilan d’une vie, à travers la mémoire perpétuelle de celui qui se raconte.

Chez Héloïse d’Ormesson, Johanna Krawczyk publie « Avant elle », son premier roman. Carmen, enseignante, ne se remet pas du décès de son père, du vide qu’il laisse après son départ. Elle évoque l’enlèvement qu’il avait subi, en Argentine, quand il était jeune. Dans un garde-meuble, elle découvre un dossier qui révèle la double vie de son père, et ses liens avec la police secrète péroniste. Faut-il accepter ce cruel héritage, ou préférer le mensonge d’un beau souvenir ?

                                                                          Jean-Luc  Aubarbier.

Comments are closed.