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by • 6 novembre 2025 • Mes livresCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 7 novembre 2025.11

Essor Sarladais du 7 novembre 2025.

Entre toutes les femmes.

Le Tour des Livres.

Avec « Entre toutes », paru chez Albin Michel, Franck Bouysse entre dans l’intimité de sa grand-mère, Marie, une femme simple qui passa toute son existence dans la ferme des Vieilles Granges (l’auteur ne nous dit pas si elle est en Corrèze). Nous la suivons de 1912 jusqu’à son décès en 1999. Elle était douée à l’école, aimait la lecture, mais la mort prématurée de son père, au retour de la guerre de 14, va la contraindre à s’enraciner dans la terre agricole. Elle n’y est pas malheureuse, adore cette harmonie avec la nature qu’elle enchante de son imagination. D’autres n’ont pas sa patience, comme son amie Jeanne qui s’enfuit avec des romanichels de passage. Elle se marie, donne le jour à deux enfants, sa mère, Anna, partage l’existence du couple qui vit en autarcie. Ce n’est pas un roman historique : la seconde guerre mondiale, la Résistance, n’entre chez eux que par effraction. Ils doivent s’en protéger. Ce n’est pas non plus un roman de terroir, mais une histoire toute en sensation, en impression. Il y a peu de dialogues : Marie et les siens sont des taiseux. S’ils vont à l’église, c’est que la religion catholique va de soit. L’éternité de la nature et la brièveté de l’existence humaine leur suffit comme spiritualité. Il faut lire et se délecter de ce « Je vous salue Marie » qui donne son titre au roman, en se souvenant de cette parole du Périgourdin Léon Bloy « Toute femme est potentiellement la mère de Dieu. »

Mathieu Belezi est un auteur étonnant. Après « Attaquer la terre et le soleil » (au Tripode, prix du livre Inter), il nous propose « Cantique du chaos » chez Robert Laffont. Le monde, notre monde, est proche de sa fin : le réchauffement climatique a provoqué la disparition d’une bonne partie de l’humanité, ceux qui ont survécu, devenus enragés, se déchirent dans des guerres sempiternelles. Au milieu de cette apocalypse, Théo Gracques, un soldat épris de poésie, a choisi de survivre, malgré la disparition de sa famille. En compagnie de Chloé et de ses deux enfants, ils quittent la France, gagne le continent américain et fuit le plus loin possible des humains, pour y créer un semblant d’ordre. Le spectacle de la nature, sa magie, les enrichit, mais, là où ils vivent, il n’y a plus de loi. Seules la force et la violence permettent de survivre. Un roman digne de Cormac McCarthy.

Paru chez Gallimard, « La Marchande d’oublies » de Pierre Jourde, nous plonge dans l’univers des cirques à la fin du 19° siècle, avec ses baraques à monstres. Dans une ambiance qui évoque « Elephant man », le film de David Lynch, nous suivons Charles, un médecin aliéniste (de son époque), qui tombe amoureux de Thalia, la jeune sœur d’une famille de clowns, les Helquin, et l’arrache à sa condition. Alastair, le plus doué des Helquin, perd la raison, et se prend pour le Christ. Obsédé par la pureté, le sacrifice, il devient un assassin.

Les éditions Calmann-Lévy rééditent les œuvres d’Arthur Koestler. Après « Spartacus », elles nous proposent « Croisade sans croix », écrit en 1942. Peter, citoyen hongrois, cherche à gagner la Grande-Bretagne pour s’engager dans l’armée. Il se retrouve coincé dans un pays neutre, entre deux ennemis : l’Allemagne nazie et l’URSS de Staline.

                                                                 Jean-Luc Aubarbier.

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