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by • 5 mars 2020 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 6 mars 2020.1270

Essor Sarladais du 6 mars 2020.

Le Service des manuscrits.

Le Tour des Livres.

   Ce n’est pas un thriller, mais il en possède les codes. « Le Service des manuscrits », dernier roman publié par Antoine Laurain chez Flammarion est une des bonnes surprises de la rentrée de janvier. Qu’arrive-t-il à toutes ces histoires envoyées chez les éditeurs par des inconnus qui y ont placé une partie essentielle d’eux-mêmes ? Elles finissent au service des manuscrits où 999 sur 1000 sont refusées. Cette aventure de l’édition, Violaine Lepage, qui dirige ce service chez un grand éditeur parisien, la connait par cœur. Elle sait qu’une maison ne découvre, au mieux que deux ou trois nouveaux auteurs chaque année. Elle pense avoir trouvé la perle rare avec Camille Desencres dont le premier roman « Fleurs de sucre » est sélectionné pour le Goncourt. Mais l’auteur, qui a signé son contrat sans la rencontrer,  refuse de se montrer en public. Elle ignore même s’il s’agit d’un homme ou d’une femme. Tout se complique quand une policière vient lui révéler que deux meurtres ont été commis tels qu’ils sont décrits dans l’ouvrage. L’éditrice peine à apporter son aide à l’enquête : elle se remet difficilement d’un grave accident et a des troubles de la mémoire.

Hasard et nécessité règlent les lois du roman de Jean Echenoz « Vie de Gérard Fulmard » paru aux éditions de Minuit. Lorsqu’un fragment de satellite soviétique s’écrase sur un hypermarché, tuant net la propriétaire de Gérard Fulmard, sa vie s’en trouve bouleversée. L’ancien steward, reconverti en détective privé se voit obligé d’accepter un étrange job : Nicole Tourneur, leader du FPI, un parti politique d’extrême-droite, a été enlevée ; il est engagé pour enquêter au sein même du mouvement dont les membres se haïssent et se guettent. Franck Ferrand, le vieux chef, est mourant et Louise, fille de Nicole, « une blonde à la plastique de rêve », a un comportement bizarre. Les ravisseurs annoncent l’assassinat de Nicole. Et si tout cela n’était qu’une mise en scène pour faire monter les sondages ? Et encore : pourquoi a-t-on embauché un Gérard Fulmard à la compétence douteuse ? Pour qu’il ne trouve rien ?

Fort de son prix Femina pour « Où on va papa ? », Jean-Louis Fournier poursuit son œuvre avec des romans légers et graves à la fois. Paru chez Jean-Claude Lattès, « Je ne suis pas seul à être seul » ne déroge pas au genre. Le narrateur souffre d’un sentiment perpétuel d’abandon. Il se souvient du petit garçon qui avait perdu sa mère dans un magasin, qui s’était retrouvé seul sur une plage après avoir nagé trop longtemps. Il remâche ses échecs sentimentaux : le refus d’une danse, la première rupture, le premier deuil. Dira-t-on un jour l’orgueil des timides ? Mais il y a aussi les plaisirs liés à la solitude : la lecture, l’écriture : le bonheur d’être seul. Un livre doux, mélancolique, un peu triste…. et terriblement humain.

Les éditions Serge Safran ont publié « Dernier printemps à Paris », le premier roman de la Serbe Jelena Bacic Alimpic. Pianiste reconvertie dans le journalisme, Olga gagne Toulon pour y recueillir le témoignage de Maria Koltchak. Cette vieille femme affirme être une ancienne détenue du goulag stalinien. C’est à un voyage dans le temps et l’espace qu’Olga se trouve conviée, de Moscou à la Sibérie, puis à Paris où tout a commencé.

                                                      Jean-Luc  Aubarbier.

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