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by • 3 février 2022 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 4 février 2022.618

Essor Sarladais du 4 février 2022.

Le Hasard sans la Nécessité.

Le Tour des Livres.

    La sortie d’un nouveau Houellebecq est toujours un évènement. Le lecteur attend le scandale ou la révélation. Avec « Anéantir », paru chez Flammarion, Michel Houellebecq nous parle de la mort, avec talent, désenchantement et nihilisme. Comme toujours, la tristesse de son propos déprimé ne manque pas d’humour. Paul Raison est un haut fonctionnaire, proche du ministre de l’économie, Bruno Juge (en qui il faut reconnaitre Bruno Lemaire). Nous sommes en 2027 et son patron sera peut-être candidat à l’élection présidentiel. Paul s’ennuie, entre sa femme, Prudence, qu’il délaisse sans chercher un autre réconfort, et ses enfants invisibles. Son père, Edouard, un ancien de la DGSE, vient de faire un AVC. La famille se regroupe à l’hôpital de Lyon, autour de l’agonisant : Madeleine, la compagne d’Edouard, Cécile, la très bigote sœur de Paul et Aurélien, son frère, mal marié à Indy, une garce intéressée. Tout ce petit monde orbite autour du lit, attendant une mort inéluctable, sans signification mais avec souffrance. Au-dehors, Bruno se pare des artifices du candidat, tandis que circulent des vidéos menaçantes. Il règne dans l’ouvrage une ambiance de fin du monde absurde qui rappelle le film « Margin call » où l’élection remplacerait la catastrophe financière, et la mort du père celle du chien.

David Foenkinos serait-il un Houellebecq soft ? Son dernier roman « Numéro Deux », paru chez Gallimard, pourrait le laisser supposer. Qu’arrive-t-il à celui qui a été à deux doigts de réussir, de décrocher le rôle ou le prix qui aurait bouleversé sa vie, le propulsant au firmament ? Martin Hill (nom fictif) est le garçon qui est resté en lice pour obtenir le rôle d’Harry Potter. Entre ses parents séparés (sa mère française est journaliste, son père anglais, accessoiriste de cinéma), il peine à s’épanouir. Mais le hasard le place sur le chemin du producteur David Hayman, qui cherche son Harry Potter. Martin a 10 ans, l’âge du rôle, on vient de le doter de lunettes rondes du plus bel effet, les essais sont concluants. Martin a tout pour lui, enfin, presque tout, mais « la vie est trop courte pour être irréprochable ». Quand survient Daniel Radcliffe et son « petit quelque chose en plus ». Martin n’est pas choisi, il est le numéro deux. Peut-on se remettre d’un tel échec. A moins que ce ne soit une chance.

Chris, le héros du roman d’Ann Scott, paru chez Calmann Lévy « La Grâce et les Ténèbres », est un musicien en devenir, encore sans succès, qui cherche à donner un sens à sa vie. Sa mère, ses sœurs, sont engagées pour la planète ou l’information. Il s’engage dans un réseau d’anonymes qui lutte contre la propagande djihadiste sur les réseaux sociaux. Peu à peu, il est submergé par ce combat invisible et dangereux qui l’éloigne de lui-même. Peut-il encore échapper à la spirale ténébreuse qui l’entraine on ne sait où ?

Stéphanie Scott (ce n’est pas la sœur d’Anne) nous propose un étrange et beau roman « Ce qu’il me reste de toi », paru chez Jean-Claude Lattès. Il existe au Japon, un curieux et clandestin métier : celui de briseur de couple. C’est une personne engagée par un époux pour séduire son conjoint, afin d’obtenir un divorce avantageux. Sat recrute Kaitar pour séduire Rina, sa femme. Mais il n’a pas prévu que Rina tombe follement amoureuse du séducteur et cette passion déclenche une série d’actes violents.

                                                                  Jean-Luc  Aubarbier.

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