UN ETE D’ORAGE ET AUTRES VOYAGES EN FRANCE.
Le Tour des Livres.
Paru en 2018 chez City éditions, « Un été d’orage », un des meilleurs romans de Corinne Javelaud, vient d’être réédité en grand format par de Borée. Dans le Paris occupé de 1942, Eulalie Fontanel est désespérée : sa maison a été bombardée, Lazare, son époux, est porté disparu et elle doit s’occuper de Béata, sa fille de six ans. Cette jeune femme trop belle, trop grande, que l’on ne peut que remarquer, va trouver un emploi de danseuse aux Folies Bergères. Danser a toujours été son rêve, mais se retrouver à moitié nue devant un public constitué pour l’essentiel d’officiers allemands, l’humilie profondément. Eulalie est prête à tout subir pour que Béata ne manque de rien, même à supporter les avances de Lubin von Baden, ce mystérieux colonel des services de renseignements. Mais un jour, elle n’en peut plus ; alors elle fuit, avec sa fille. Elle gagne Angoulême, bien déterminée à franchir la ligne de démarcation pour rejoindre, à La-Rochefoucauld, sa cousine Chabert. Au cours de son périple, elle va rencontrer de tout : des hommes dévoués, des profiteurs, des justes et des salauds. Ce qu’elle ignore, c’est que sa cousine travaille pour l’ennemi. Neuf ans après la fin de la guerre, Béata se souvient de ce périple et tente d’en comprendre le sens. Un magnifique roman historique fort bien campé, dont les détails ont fait l’objet de soigneuses recherches et rédigé dans un style plein et élégant. L’ambigüité des personnages reflète celle d’une époque et le désespoir d’Eulalie devient le notre.
C’est en Ariège, sa patrie, au début du 20° siècle, que Georges-Patrick Gleize situe l’action de son nouveau roman « Quand fleurissent les magnolias », paru chez Calmann-Lévy. A 13 ans, Madeleine quitte la métairie familiale pour entrer au service de la famille Amiel, des bourgeois qui se sont enrichis dans le textile. Elle découvre un monde nouveau, devient le témoin privilégié des secrets de famille. Bientôt une relation amoureuse nait entre elle et Louis-André, le fils ainé des Amiel. Mais Germaine, la mère de famille, veille à ce que l’héritier du nom ne noue pas une mésalliance. La guerre et le monde en pleine mutation vont permettre bien des choses.
Jean-Guy Soumy préfère le Limousin pour raconter une page de l’histoire de l’émancipation féminine avec « Sage-femme des Hautes Terres » paru aux Presses de la Cité. En 1820, jeune fille bien éduquée par un père menuisier sur le plateau des Millevaches, Constance a à cœur d’étudier et de se rendre utile à ses compagnes. Après une formation à Paris, elle revient dans son pays natal imposer la science et l’art du geste dans une région encore arriérée.
Joël Raguénès nous révèle une figure peu connue de la Belle Epoque, avec « Lady Mond », chez Calmann-Lévy. Fille d’un modeste meunier breton, Maï a la révélation du grand monde en assistant aux obsèques de Victor Hugo. Elle gagne la capitale, devient modèle, puis marchande d’art. Après une liaison avec le prince d’Orléans, elle devient lady en épousant Sir Robert Mond.
JEAN-LUC AUBARBIER.



Prix littéraire du Périgord 2025. Article suivant