Quand le roman fait l’Histoire.

Le Tour des Livres.

     Changement de registre pour Michel Bussi.  Délaissant l’intrigue policière, il nous entraine dans le drame du génocide des Tutsis au Rwanda avec « Les Ombres du monde », paru aux Presses de la Cité. Lorsqu’en 1994, le Falcon 50 à bord duquel se trouvent les présidents du Rwanda et du Burundi, deux petits pays de l’est-africain sans histoires, est abattu, commence une des plus épouvantables tragédies du XX° siècle. 700.000 Tutsis sont massacrés par des Hutus extrémistes. Le pire est qu’il ‘existe pas de séparation tribale entre les deux ethnies : il s’agit d’une invention de l’ex-colonisateur belge. Le roman – car il s’agit bien d’un roman – s’articule autour de Jorik, un ancien militaire français en poste à Kigali. Trente ans plus tard, après avoir perdu Espérance, son épouse africaine, dans cette horrible guerre, il retourne au Rwanda avec sa petite fille, Maé, passionnée par les gorilles. Jorik est enlevé au cours du voyage. En parallèle, Maé lit le journal de sa grand-mère, Espérance, qu’elle a découvert par hasard. Le roman met en évidence la complexité du problème et l’indifférence avec laquelle il a été traité. Les ambitions politiques des uns, qui jouent sur la pseudo-rivalité entre Hutus et Tutsis, la méconnaissance de la France qui veut se placer sur le terrain, le rôle de l’armée française, qui entraine les futurs génocidaires, les conflits d’intérêts touristiques et miniers, et même les gorilles qui se mêlent de l’histoire.

Récemment devenu français, le romancier britannique Ken Follett a su nous enchanter avec la fresque historique « Les piliers de la terre »  et, auparavant, avec ses thrillers d’espionnage comme « Le code Rebecca ».  Il entame une nouvelle saga avec « Le cercle des jours », publié chez Robert Laffont. Après le mystère des cathédrales, il veut nous faire vivre celui de Stonehenge, cet étrange cercle de pierre édifié il y a 4500 ans dans le sud de l’Angleterre. Seft est le plus jeune fils d’une famille de tailleur de silex qu’ils échangent à l’occasion des grandes réunions tribales. Passionné par les rites solsticiaux, amoureux de Neen dont la sœur, Joia, est grande prêtresse du soleil, il va entreprendre la construction d’un gigantesque complexe de menhirs dressés. Mais la rivalité entre éleveurs et cultivateurs (celle-là même qui oppose Abel et Caïn dans la Bible), va perturber le grand œuvre.

C’est dans l’Armorique du VI° siècle que Mireille Calmel situe l’action de son nouveau roman « Morgane, reine des brumes », publié chez XO. Elle revient à l’origine de la légende qui réunit Merlin l’enchanteur et la fée Morgane, dans les romans de Chrétien de Troyes, et la réinvente. Les terres armoricaines sont envahies par le roi Vortigern, usurpateur du trône, et son armée de Saxons. Seule l’alliance d’Arthur, héritier légitime et de Morgane, la fille de Vortigern peut rétablir la paix.  Mais les Ténèbres s’abattent sur Brocéliande, au cœur du pouvoir des druides.

Chez Albin Michel, Jean-Laurent Del Socorro publie « Boudicca ». En l’an 1 de notre ère, les Romains ont envahi l’ile de Bretagne, l’actuelle Angleterre. La reine Boudicca va mener la révolte, raser Londres et faire trembler l’Empire sur ses bases.

                                                                          Jean-Luc Aubarbier.