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by • 11 décembre 2025 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 12 décembre 2025.28

Essor Sarladais du 12 décembre 2025.

Parmi l’élite étudiante.

Le Tour des Livres.

    Avec « Kolkhoze » , prix Médicis 2025, paru chez P.O.L. Emmanuel Carrère nous raconte, avec humour, tendresse et un brin d’ironie acide, l’histoire de sa mère Hélène Carrère d’Encausse. Cette fille d’immigré d’origine russe et géorgienne, acheva sa vie dans la peau d’un secrétaire perpétuel de l’Académie Française. On y découvre une femme autoritaire qui a construit son personnage, n’hésitant pas à mentir quand cela l’arrangeait. Son père, traducteur pour la kommandantur de Bordeaux, fut enlevé et exécuté par la Résistance, on ne retrouva jamais son corps. De cette blessure, elle ne parla jamais. Par contre, elle n’hésitait pas à embellir la légende familiale, s’ajoutant des titres, annexant des ancêtres. Apatride, elle eut à devenir française. Grande spécialiste de la Russie (on se souvient de son livre « L’empire éclaté »), elle défendit toujours cette patrie originelle qu’elle n’avait connu que de loin. Elle éleva ses enfants comme une mère russe, un peu étouffante, exigeant le meilleur. Son mari, tenu soigneusement à l’écart de ses affaires, y comprit de sa mort, décéda cinq mois après elle. Auparavant, il avait consacré sa vie à sa propre généalogie, lui qui apporta un Dencausse généreusement anobli à la couronne familiale. 

Après « La carte postale, » consacré à la famille juive de sa mère, Anne Berest nous livre la légende paternelle avec « Finistère », paru chez Albin Michel. Chez elle, les racines bretonnes sont profondes. Après les visages de l’arrière-grand-père, leader syndical, et du grand-père, khâgneux monté à Paris, tout deux prénommés Eugène, nous découvrons Pierre Berest. Le père de l’auteure est un homme discret qui a peu parlé de lui. Alors qu’il est atteint d’une grave maladie, il se confie enfin. Anne découvre un homme surdoué en mathématique, et un militant d’extrême gauche pendant les évènements de Mai 68. Il en parle avec la foi d’un converti. Au milieu de cette épopée révolutionnaire, la rencontre de ses parents offre un moment de romantisme. « J’ai cherché à savoir ce que nous transmettent nos ancêtres. Et comment nous en affranchir » écrit Anne qui se met elle-même en scène à la fin du récit. 

Si l’on croise Gilles Deleuze dans le livre d’Anne Berest, c’est un autre leader de gauche qui apparait dans « Le Fou de Bourdieu » que publie Fabrice Pliskin au Cherche-Midi. Bijoutier à Brioude, Antonin est emprisonné pour avoir abattu un cambrioleur au cours d’un braquage. Détenu, il découvre en prison l’œuvre de Pierre Bourdieu et l’opposition entre dominants et dominés qui fonde sa pensée. A sa sortie, il tente, en matière de rédemption, d’en appliquer concrètement les principes. Une mis en scène de nos croyances et de nos mensonges.

Chez Flammarion, Eliette Abecassis publie « 45 rue d’Ulm », un récit où elle revient sur les quatre années qu’elle a passées à l’Ecole Normale Supérieure. C’était le moment de la chute du mur de Berlin, les années sida. Celui de l’amour et de l’amitié. Elle tente de réunir dans son ancienne chambre d’étudiante, les amis de toujours ou perdus de vue, liés à cette époque.

                                                                 Jean-Luc Aubarbier.

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