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by • 13 janvier 2014 • Mes chroniques littérairesComments (0)2485

Essor sarladais du 20 12 2013

LANGUES VIVANTES.

Le Tour des Livres.

 

Un nouveau roman de Richard Millet est toujours un régal et « Une artiste du sexe », publié chez Gallimard, ne déroge pas à la règle. L’auteur nous propose un voyage en littérature dans le monde des langues. Sebastian, le narrateur, originaire de Butte, dans le Montana, a choisi de vivre en France et d’écrire en français. Il rencontre Rebecca dont les origines danoises et néo-zélandaises (tendance maorie) en font, elle aussi, un personnage de langues mêlées. Ecrire dans une langue étrangère, c’est se l’approprier, vivre une nouvelle virginité, penser, rêver, autrement, devenir l’hôte d’un langage et d’une culture. Sebastian est lecteur dans une maison d’édition, sous la houlette de Pascal Bugeaud (le ‘double’ de Richard Millet). Il doit aussi apprendre à se libérer de celui qu’il admire, découvrir son propre style, intégrer ses propres fantasmes. N’est-il pas, lui aussi, prisonnier de son éducation maternelle qui lui fait ressentir comme un viol chaque tentative amoureuse ? Rebecca et Sebastian sont la réunion de deux solitaires, mais elle saura l’inspirer en rassemblant dans son art du sexe, la création, la prostitution et le sacré.

Au Cherche-Midi, « Bras de fer » de François Chollet, est également une histoire d’initiation par le sexe. Capitaine dans l’armée française, Lucie est belle, réservée, fascinante et solitaire. Le soldat Salengro rêve de révéler sa féminité à celle qui se veut au-dessus du corps. Le tabou de la différence hiérarchique va permettre à l’intouchable Lucie de s’humaniser, de se réconcilier avec son corps, au bout d’un huis-clos de deux jours où rien ne lui sera épargné. Violence et tendresse, sadisme et admiration lui permettront d’aller au bout d’elle-même.

Publié chez Grasset, « La Confrérie des moines volants », de Metin Arditi nous renvoie aux heures sombres du stalinisme. Entre 1918 et 1938, plus de mille monastères furent pillés et fermés ; deux-cent-mille prêtres, moines et religieuses furent massacrés. Certains osèrent résister, s’organiser. Ainsi, autour de l’ermite Nikodime, une poignée de moines vagabonds vont recueillir les trésors de l’Eglise orthodoxe et les cacher, au péril de leur vie. Cette petite lueur de spiritualité survivra à l’empire soviétique et surgira, plus brillante que jamais, quand renaitra la Russie éternelle. Mais la fin du régime communiste ne marque pas la fin du matérialisme. Fuyant la peur et la grisaille, Irina gagne Paris ; elle est au cœur de cette histoire de résistance et de rédemption.

Chez Belfond, le Colombien Andrés Caicedo nous régale avec « Traversé par la rage », une épopée urbaine dans les années 1970. Le héros est un jeune garçon qui a choisi la violence comme mode de survie. Animé d’un insatiable appétit de rébellion, il s’instruit pas le cinéma (James Dean est son idole), et gagne le respect d’une bande de voyou. Associant lutte sociale et revanche sur le mauvais sort, il prend la tête d’un gang idéaliste. Mais la police a décidé de mater toute initiative de révolte et de la noyer dans le sang.

P.J Parrish (pseudonyme de deux sœurs qui écrivent ensemble de ténébreux thrillers) nous livre « La tombe était vide » publié chez Calmann-Lévy, un roman gothique et inquiétant. Lorsque le père de l’inspecteur Kincaid se voit intimer l’ordre de récupérer la dépouille de sa bien-aimée, morte il y a longtemps, il constate avec horreur que la tombe est vide. Kincaid découvre que l’hôpital psychiatrique voisin a abrité un malade dangereux qui s’attaquait aux femmes de la région. Le lieu où l’on soignait la folie était avant tout un lieu de mort et de terreur.

Aux Presses de la Cité, Hervé Jaouen poursuit sa saga bretonne avec « Gwaz-Ru », un roman d’apprentissage qui couvre la première moitié du XXe siècle. Quittant la campagne, Nicolas Scouarnec devient ouvrier à Quimper. Déraciné, il se cherche des valeurs entre les extrêmes politiques, errant entre le Parti communiste et les nationalistes bretons qui flirtent avec le Nazisme. C’est dans le travail de la terre et l’amour de sa femme et de ses enfants que ce révolté perpétuel va finir d’ancrer son existence.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

 

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