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by • 14 novembre 2019 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 15 novembre 20191201

Essor Sarladais du 15 novembre 2019

Nouvelle révolution sexuelle.

Le Tour des Livres.

Ces derniers mois ont vu plusieurs jeunes femmes publier des récits littéraires liés à leur vie intime, traitant du sexe sur un mode à la fois libre et détaché. Peut-être faut-il y voir la fin de cette révolution sexuelle débutée dans les années 60, où, sous la présidence de Freud et Sade, sexe rimait avec libération. La dictature de la jouissance obligatoire qui en a résulté a fini par réduire la vie sexuelle à une moindre importance. Regard sur ce sujet qui reste brûlant.

Emma Becker est parti en Allemagne avec le désir d’écrire. Mais sur quoi ? Le hasard l’a conduit à travailler comme prostituée dans un bordel berlinois pendant deux ans, avec la même aisance qu’elle aurait fait un stage chez Volkswagen. Elle en tire un livre magnifiquement rédigé, et très révélateur sur les désirs des hommes. « La Maison » est édité chez Flammarion. Dans un beau style classique, elle raconte l’histoire « d’une femme qui baise de façon désinvolte », insistant sur la distance que la prostituée doit prendre avec ses clients et son métier pour se préserver. Elle parle de son « désir dirigé vers la totalité de l’espèce masculine », plutôt que sur un individu particulier, de sa volonté d’apprivoiser l’homme et sa violence dominatrice. Elle raconte aussi ces hommes souvent amoureux de leur prostituées favorite, avec lesquels il faut simuler le sentiment autant que le plaisir. La plupart des hommes qui fréquentent le bordel sont mariés ; la plupart des filles qui y travaillent ont un autre métier et font cela pour arrondir leurs fins de mois. Dans ce pays où la prostitution est légale, Emma Becker finit par nous convaincre que c’est une profession de service public.

On retrouve des phrases quasi-identiques dans le récit de Fleur Breteau, publié chez Verticales « L’amour, accessoires ». Fleur Breteau, qui est en résidence d’écriture dans le Sarladais, a tenu pendant six ans un love store (c’est le nouveau nom d’un sex shop). Le métier s’est modernisé et on y trouve aujourd’hui profusion de ‘jouets’ électroniques. Elle aussi use d’un style particulièrement élégant pour raconter les anecdotes de ses clients (plus de femmes que d’hommes aujourd’hui). Elle nous fait rire et pleurer ; beaucoup de couples poussent la porte de sa boutique à la recherche de la solution miracle pour raccommoder leur union qui titube. Elle sait pourtant qu’elle n’est pas un médecin de l’âme, mais comment refuser un appel au secours. Un récit très humain.

C’est de libertinage et de vagabondage sexuel que nous parle Camille Lanvin dans « La Peau des Hommes » paru chez Harper Collins. Cette romancière qui a vécu en Sarladais propose un roman vrai, à la fois érotique et profond, qui révèle le drame qui se cache derrière trop d’amour. « J’aimais les hommes. J’aimais leurs peaux, leurs yeux, leurs mains de bûcheron, d’intellectuel, de professeur, de collégien, de vieillard, de nomade… Chacun d’eux était une île à la dérive, un univers encore vierge de mes caresses, un coffre-fort dont je détenais la clé. » Estelle multiplie les rencontres et semble mener le jeu. Mais derrière sa beauté et son aisance, se cache la souffrance que lui a infligé Ganaël, un être toxique qu’elle a réussi à quitter dans un ultime reflexe de survie.

Chez Julliard, la très jeune Loulou Robert publie « Je t’aime », l’histoire d’une fille qui consacre sa vie entière à aimer le même homme. Cela pourrait paraître désuet, mais elle est prête à tout pour le garder, à tous les compromis, à toutes les humiliations, à toutes les violences. Un amour sans limite…. Mais saura-t-il résister à l’usure et au temps qui passe.

                                                       Jean-Luc  Aubarbier.

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