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by • 7 avril 2016 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 8 avril 20162178

ESSOR SARLADAIS du 8 avril 2016

 

couv l'oubliée de la ferme des brumes

 

corinne javelaud wix

 

 

 

 

 

 

 

 

CORINNE JAVELAUD REVIENT AVEC « L’OUBLIEE DE LA FERME DES BRUMES ».

Le Tour des Livres.

 

Comment les évènements de la vie et de l’Histoire transforment les êtres humains ? Tel est le thème du beau roman de Corinne Javelaud « L’Oubliée de la ferme des brumes », paru chez City éditions. Le Limousin rural de 1936 ressemble encore au XIXe siècle. Dans une ferme isolée, Colombe, adolescente de 15 ans, doit prendre en charge les travaux les plus rudes, entre ses deux frères, Marceau, ivrogne violent et Silvère qui se destine à la prêtrise. Anselme Varet, dont la belle-sœur dirige une fabrique de dentelle à Bellac, recrute la jeune fille qui est ‘vendue’ par son frère ainé. Elle se révèle douée pour le métier, malgré l’hostilité d’Hortense, sa patronne. Mais la guerre va passer par là, véritable révolution sociale. Colombe, poussée par Gauthier, son premier amour, entre dans la Résistance, tandis qu’Anselme, qui porte un étrange intérêt à la jeune femme, est cloitré dans un camp de prisonnier. Hortense piétine ses valeurs morales pour aider sa fille Esther et plonge dans la collaboration, tandis que Marceau, devenu légionnaire, se rachète une conduite. A la Libération, les cartes seront redistribuées.

Chez Gallimard, Philippe Djian retrouve son ton ‘américain’ pour nous donner « Dispersez-vous, ralliez-vous ». Myriam, la narratrice, est un être étrange qui semble ne jamais éprouver le moindre sentiment. Elle épouse Yann, son premier amant, qui l’a presque forcée, n’éprouve aucun plaisir sexuel ni aucun instinct maternel pour sa fille Caroline. Quand son frère et sa mère qu’elle n’a pratiquement pas connus, viennent réclamer leur part de l’héritage paternel, elle incendie la maison. Cela ne l’empêchera pas de couvrir les trafics de Nathan, son frère. Cette confusion des sentiments absents se construit sur les ruines d’une émancipation borderline, et se résume à une existence entièrement bâtie sur des rencontres fortuites.

C’est une fable puissante sur notre monde moderne que nous livre Vincent Message avec « Défaite des maîtres et possesseurs », publié au Seuil. Iris n’a pas de papiers. Hospitalisée après un accident, elle attend pour être opérée que son ami Malo trouve un moyen pour régulariser la situation. Mais comment s’en sortir quand on mène une vie interdite que seule protège la clandestinité ? Cela ressemble à notre monde, à un roman social, mais c’est tout autre chose. Car nous qui avons vécu comme les maîtres et possesseurs de la Nature, nous ne maitrisons plus rien. De nouveaux venus nous ont privé de notre domination sur le vivant, et nous traitent comme nous avons traité les animaux. Terrifiant et philosophique !

Reine du suspense, Kate Moss nous propose chez Jean-Claude Lattès « La fille du taxidermiste ». Dans un cimetière du Sussex, en 1912, les villageois se rassemblent pour voir défiler, selon une vieille superstition, les fantômes de ceux qui mourront dans l’année. A l’écart, Constantia, la fille du taxidermiste, observe la scène. Elle vit seule avec son père ruiné, et elle a perdu la mémoire. Dans la petite foule, une femme va mourir étranglée, comme sonne le glas. Tandis que le village doit affronter la grande marée des eaux d’équinoxe, la jeune femme va tenter de démêler les fils de l’énigme.

Avec « J’enquête », chez Buchet-Chastel, Joël Egloff  nous propose un thriller atypique et littéraire. Le narrateur, un détective privé, arrive dans un village endormi pour mener une enquête. Mais quel étrange personnage ! Sa timidité l’empêche de poser des questions, il n’a plus d’argent, semble ne rien connaitre à son métier. En fait, il ressemble plutôt à un homme aux abois. Humour noir, poésie et sens de l’absurde sont au rendez-vous.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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