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by • 3 avril 2020 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 6 avril 20201287

Essor Sarladais du 6 avril 2020

VENT DIVIN

Le Tour des Livres.

D’où vient cette fascination des romancières françaises pour les kamikazes ? En 1996, Pascal Roze, pour son premier roman « Le chasseur Zéro » (Albin Michel) obtenait le prix Goncourt. Aujourd’hui, Stéphanie Hochet revient sur le sujet avec « Pacifique », publié chez Rivages. Elle se glisse dans la peau du narrateur, Isao Kaneda, un jeune pilote volontaire pour aller écraser son avion sur un navire américain. Bien sûr, l’éducation joue un rôle dans sa décision : sa grand-mère l’a élevé dans l’esprit des samouraïs d’autrefois. La guerre respire pour lui le parfum de la poésie. Bien sûr le Japon est en train de perdre la guerre, des civils se suicident en masse à Okinawa pour ne pas tomber entre les mains des étrangers. Pourtant Isao est un adolescent fragile, peut-être veut-il compenser ses faiblesses par un courage à toute épreuve devant la mort (on retrouve certains thèmes de « Je ne connais pas ma force », Fayard). Il connait l’angoisse et en parle avec un camarade, mais rien ne le fera renoncer. Que se cache-t-il derrière l’impassibilité asiatique ? Stéphanie Hochet nous livre de nouvelles « confessions d’un masque » qui n’aurait pas déplu à Mishima (qui s’est lui-même suicidé). Sans rien dévoiler de la fin de l’histoire, nous pouvons affirmer que ce très beau roman est un hymne à la nature qui ignore le Bien et le Mal, à la sérénité et, au final, à la vie.

La fille cachée de Sissi semble un thème pour revue people. C’est pourtant le sujet du dernier roman de Nelly Alard, publié chez Gallimard, « La vie que tu t’étais imaginée ». Le livre raconte l’histoire de Karoline Zanardi, la soi-disant fille secrète de l’impératrice autrichienne. Sissi aurait accouchée en France d’un bébé qui y fut élevé. En 1914, Karoline revendiqua son héritage et, malgré les doutes,  fut néanmoins reconnue de « lignée royale ». Sa fille, Elissa Landi, fût une actrice connue dans le Hollywood des années 30, et une romancière. Le livre retrace en parallèle la quête de l’auteur pour démêler les fils de l’histoire, et sa passion, presque son identification avec les personnages de son roman. Une histoire très fouillée, aux multiples rebondissements, rédigée dans un style impeccable.

Chez Belfond, l’Algérienne Hajar Bali nous raconte trois générations de femmes dans « Ecorces ». A 23 ans, Nour, étudiant en mathématiques, vit à Alger avec sa mère Meriem, sa grand-mère Fatima et son arrière-grand-mère Baya. Baya a connu la colonisation et l’époque exaltée de la libération. Elle s’efforce de transmettre son expérience à Nour, mais le jeune homme étouffe sous le poids de la tradition et du gynécée environnant.  Il s’ouvre au monde et à l’amour grâce à Mouna, une jeune femme à l’inquiétante légèreté. Mais les apparences sont trompeuses et Nour va l’apprendre à ses dépends.

Chez City, Claude Rodhain nous propose « Le parfum des poisons », un roman qui tient du thriller et du roman historique. Pontus, surnommé Patate à cause de son nez volumineux et proéminent, va révéler un don particulier pour l’odorat et les parfums. Cela va servir sa chance. Après l’affaire des poisons, La Reynie, lieutenant général de la police royale va l’employer comme renifleur officiel au service de Louis XIV. Il évente plusieurs complots et devient tellement gênant qu’on songe à le supprimer. Un roman qui n’est pas sans rappeler « le Parfum » de Suskind.

                                                                    Jean-Luc Aubarbier.

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