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by • 2 juin 2022 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 3 juin 2022.618

Essor Sarladais du 3 juin 2022.

DRAMES EN FAMILLE.

Le Tour des Livres.

    Roxane se réveille près du corps de Martin. Il a réussi son suicide, elle a raté le sien. Ainsi débute « Les Fêlures », le nouveau roman de Barbara Abel, paru chez Plon. Mais qui est l’assassin, dans une affaire de suicide ? Martin appartient à une riche famille industrielle, Roxane est d’origine modeste. Déjà, on la soupçonnait d’en vouloir à l’argent des Jouanneaux. Odile, la terrible cheffe de famille, porte plainte contre sa belle-fille. Elle se sent coupable de réagir ainsi, mais elle ne peut s’en empêcher. Garance, la sœur de Roxane, tente de faire parler la survivante qui s’obstine à rester muette. C’est une écorchée vive, à l’enfance difficile. Comment expliquer la folie de leur geste : se suicider à 20 ans ? Au fur et à mesure de l’avancée du roman, le lecteur découvre les personnalités troubles d’Odile, de Garance, de Roxane et de Martin. Car chez Barbara Abel, les gentils ne le sont pas vraiment, les méchants non plus, et les crimes des gens ordinaires n’en sont pas tout à fait.

A douze ans, Antoine a tué son père d’un coup de couteau, un acte irréfléchi, commis sous l’effet de la peur. Le début du roman de Christian Blanchard qui porte le nom du héros « Antoine » (paru chez Belfond), est glaçant. Le garçon est placé dans un centre de rééducation. Par l’écriture, il s’efforce de se reconstruire, de donner corps aux motivations de son acte. La misère sociale y est pour beaucoup. Dans la ferme familiale, il était à peu près heureux avec ses parents. Puis Robert a voulu devenir ouvrier aux chantiers navals de Dieppe. Il devient aigri, sombre dans l’alcool et dans la violence. Marie, la mère, avec sa douceur, ne parvient pas à protéger Antoine, un garçon trop doux que son père veut ‘viriliser’. Antoine, harcelé dans le centre où il est enfermé, doit revivre son calvaire pour le dépasser.

L’antisémitisme de Mussolini est un sujet rarement traité, si ce n’est par Giorgio Bassani dans « Le jardin des Finzi-Contini », adapté au cinéma par Vittorio de Sica. Dans « Les faisceaux de la peur », paru chez City éditions, Maud Tabachnik raconte Florence en 1937, par la bouche de Judith. A 17 ans, l’adolescente assiste au meurtre d’un passant par les milices fascistes. Elle est juive, Mussolini ne déporte pas les Juifs, il les maltraite, les accable d’impôts, les humilie. Judith est une adolescente comme les autres, avec ses sautes d’humeur, ses excès, ses crises. Elle aime Francesca qui lui rend son amour. Mais elle est obligée de quitter son pays pour gagner la France. Un roman très personnel de Maud Tabachnik, empli de détails, d’odeurs, de souvenirs : l’essence même de la vie.

Aux Escales, la journaliste Alexandra Andrews publie son premier roman « L’énigmatique madame Dixon ». Florence Darrow se rêve écrivaine. On lui propose de devenir l’assistante d’une célèbre romancière qui se cache derrière le pseudonyme de madame Dixon. Un jour, Florence se réveille dans un hôpital, sans aucun souvenir de l’accident qui l’a conduit là. Un thriller psychologique passionnant et élégant.

                                                                             Jean-Luc  Aubarbier. 

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