MENU

by • 26 novembre 2015 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 27 novembre 2015.2514

ESSOR SARLADAIS du 27 novembre 2015.

couv juste avant l'oublicouv crans-montana

JUSTE AVANT L’OUBLI.

Le Tour des Livres.

 

Ce n’est pas un thriller et pourtant le suspense est au rendez-vous. « Juste avant l’oubli », d’Alice Zeniter publié chez Flammarion, est une totale réussite. Franck, infirmier, va rejoindre sa compagne Emilie, sur une ile perdue au nord de l’Ecosse. Emilie  participe au colloque annuel consacré au grand écrivain Galwin Donnell, disparu en mer alors qu’il vivait en ermite sur l’ile de Mirhalay. Très vite, Franck se sent isolé, méprisé, par ces intellectuels qui déclinent leur savoir. Martin Stafford, le biographe attitré de Donnell, révèle combien l’homme avait été dévoré par le personnage qu’il avait créé, Adrian Dickson Karr et que le génie du roman policier s’est probablement suicidé. Franck espère profiter du moment pour demander Emilie en mariage, mais, en idolâtrant l’œuvre de Donnell, elle se sent irrésistiblement attirée par Stafford. Franck passe son temps à boire avec le gardien de l’ile qui va lui faire d’étranges révélations.

Avec « Crans-Montana », publié chez Jean-Claude Lattès, Monica Sabolo nous propose un roman nostalgique sur les années Soixante. Dans cette station de ski suisse qui réunit des familles huppées, trois jeunes filles fascinent les jeunes gens. Ils les surnomment les trois C. Tous sont amoureux tour à tour de Chris, de Charlie ou de Claudia. Les garçons donnent d’ailleurs une narration collective, un « nous » indifférencié, des évènements. A cette époque, les affaires de sexe ne sont par encore faciles, et le flirt s’impose comme un jeu sérieux. Tout basculera quand les trois jeunes filles cèderont aux avances d’hommes plus mûrs, et pas toujours de leur milieu. La bulle de l’enfance éclatera pour toujours, la vie glissera entre leurs doigts, avec son ennui et ses drames.

Chez Seuil, l’Espagnol Mario Cuenca Sandoval nous livre un roman mythique et ambitieux avec « Les Hémisphères ». Pour Gabriel et Hubert, tout commence avec un accident de voiture qui met fin à un été d’ivresse. Ils sont indemnes mais une femme y trouve la mort. Le corps de cette inconnue va désormais les obséder, les fasciner, les hanter. Elle restera la première femme, qu’ils ne cesseront jamais de chercher, de retrouver et de perdre. Leur quête se poursuivra dans un road-movie halluciné, dans l’autre hémisphère de leur obsession.

A vingt-quatre ans, la jeune Allemande Vea Kaiser nous offre, avec « Blasmusikpop »,  un premier roman passionnant, avec des dialogues savoureux, une langue inventive et des personnages hauts en couleur. Johannes ne se destinait pas à passer sa vie dans un petit village alpin. Sa passion pour Hérodote, héritée de son grand-père, le destinait aux horizons lointains. Mais après son échec au bac, il se voit contraint de rester parmi les « barbares ». Il ne lui reste qu’une aventure possible : le football, pour ouvrir son village à la modernité.

Chez Belfond, l’Irlandais Darragh McKeon nous fait revivre l’explosion de la centrale atomique de Tchernobyl à travers plusieurs personnages, avec « Tout ce qui est solide se dissout dans l’air ». Ce 26 avril 1986, dans un appartement de Moscou, un jeune prodige de neuf ans joue du piano silencieusement ; sa tante travaille à la chaine dans une usine de banlieue. Non loin, dans un hôpital, un chirurgien s’étourdit de travail pour ne pas penser au naufrage de son mariage. En Biélorussie, un jeune garçon observe les lueurs rouges de l’aube, inquiétante de beauté. Dans un instant, leurs vies vont basculer.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

 

 

Monica Sabolo.

PARIS : Portraits d'ecrivains

Comments are closed.