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by • 26 octobre 2018 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 26 octobre 20181641

ESSOR SARLADAIS du 26 octobre 2018

 

On n’est pas sérieux quand on a dix-sept ans.

Le Tour des Livres.

 

Eric Fottorino n’écrit que sur lui, non par nombrilisme mais pour mettre un nom sur ses souffrances. Au bout de la quête identitaire, il y a l’enfance. Paru chez Gallimard, « Dix-Sept Ans » est le portrait de sa très jeune mère, presqu’encore une enfant quand elle a accouché de l’auteur. Cette mère dont le mari s’est suicidé, réunit ses trois fils pour leur avouer qu’après la naissance d’Eric, l’ainé, elle a donné le jour à une petite fille qu’elle a abandonnée. Envoyée dans une institution catholique pour accoucher, elle a vu son enfant confiée à des inconnus qui l’ont élevée. Eric tente de reconstituer son propre passé, se rend à Nice où il a vu le jour. Pourquoi Nice ? S’agissait-il de l’abandonner, lui aussi ? Il revient sur ses livres précédents, sur la découverte de son père naturel, mort peu de temps après, sur celui qui lui a donné un nom. Il enquête aussi sur les parents de sa mère, des gens au cœur sec qui expliquent peut-être pourquoi sa mère a eu tant de difficultés à l’aimer, lui. Un roman d’autofiction (je n’aime pas ce mot) extrêmement bien écrit, souvent bouleversant à lire.

Un premier roman, lui aussi bouleversant, paru chez Albin Michel : « Le malheur du bas » d’Inès Bayard. Marie s’est suicidée après avoir empoisonné son enfant et son mari ; ce dernier seul a survécu. Elle appartient pourtant à une famille heureuse et aisée. Laurent est avocat ; Marie travaille dans une banque. Il ne leur manque qu’un enfant. Un soir, en rentrant du bureau, Marie est violée par son patron. Elle se sent honteuse, ne veux pas porter plainte ni même l’avouer à son mari. Elle décide de faire comme s’il ne s’était rien passé. Mais peu à peu, une souffrance intérieure la ronge. Elle ne supporte plus que son mari l’approche, et pourtant, elle doit faire comme si…  Tous les jours, elle croise son violeur et son métier lui devient souffrance. Sa solitude est atroce. Quand elle s’aperçoit qu’elle est enceinte, elle est convaincue qu’il s’agit du produit du viol. Elle songe à avorter mais son mari ne comprendrait pas. Elle ne parviendra jamais à aimer cet enfant, ni à s’en occuper correctement. Cernée par les rumeurs et les pourquoi, elle choisit l’irréparable. Un roman dont la structure n’est pas sans rappeler « Chanson douce » de Leïla Slimani.

Denis Tillinac est assurément un de nos meilleurs prosateurs. Les éditions de la Table Ronde, qu’il a dirigées, ont choisi de rééditer « Boulevard des Maréchaux ». L’auteur avoue avoir emprunté à Antoine Blondin le projet d’écrire sur cette petite ceinture qui enserre Paris, à travers une tournée des bistrots qui en ornent les rues. Une promenade que l’on peut faire à pied, comme tout provincial qui débarque dans la capitale, car les maréchaux en indiquent les portes. Tillinac nous plonge dans une mythologie toute napoléonienne, arrosée de petits coins de Paris comme on n’en fait plus. On parle beaucoup des écrivains voyageurs ; Denis Tillinac est certainement l’un des meilleurs, qui, pour le prix d’un ticket de bus, nous emmène sur les traces d’une folle aventure.

Cévenol de cœur, Christian Laborie achève, avec « L’Héritier du secret », toujours aux Presses de la Cité, la saga de la famille Rochefort. Ce cinquième volume se situe entre 1930 et 1940. Les descendants de la famille Rochefort se sont dispersés. A Nîmes, Jean-Christophe tente de redonner du lustre à l’entreprise de textile. Pierre part aux Etats-Unis, Alix étudie les Beaux Arts à Paris. En Allemagne, Thibaud assiste à la montée du nazisme, tandis qu’Elodie milite chez les trotskistes. La guerre va les faire revenir à Anduze, le berceau familial, mais un mystère plane sur l’identité d’Alexandre Muller, le compagnon d’Alix.

 

Jean-Luc  Aubarbier.

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