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by • 24 décembre 2020 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 25 décembre 2020.1138

Essor Sarladais du 25 décembre 2020.

Berlin, années 30.

Le Tour des Livres.

   Le journaliste Thomas Snégaroff, spécialiste des Etats-Unis, nous livre un premier roman proche du reportage historique. « Putzi », sous-titré « Le pianiste d’Hitler »,  est publié chez Gallimard. Le souvenir d’Ernst Hanfstaengl plane encore sur sa maison familiale, à Munich. Né d’un père allemand et d’une mère américaine, il quitte l’Amérique après 1918, persuadé qu’un grand destin l’attend en Allemagne. Il fait partie du premier cercle des amis d’Hitler, qui n’est encore qu’un agitateur. Il l’amuse, joue pour lui du piano. Putzi, comme on surnomme Hanfstaengel, n’aura de cesse de proposer ses services pour rapprocher les Etats-Unis, où existe un fort courant antisémite, autour d’Henri Ford, du parti nazi.  Un jour de manifestation, il sauve la vie d’Hitler en le faisant passer pour son valet. Celui-ci ne le lui pardonnera jamais. Après la Nuits des Longs Couteaux, Putzi prend peur et s’enfuit de Berlin, abandonnant femme et enfant. De retour aux Etats-Unis en 1937, il se met au service de Roosevelt pour le renseigner sur Hitler, mais il gardera toute sa vie la nostalgie du Grand Reich.

C’est au cours des jeux olympiques de 1936,  à Garmisch-Partenkirchen, où le jeux d’hiver servent de répétition à ceux de Berlin, que Michel Goujon situe son roman, paru chez Héloïse d’Ormesson, « La Désobéissance d’Andreas Kuppler » . Journaliste sportif, Andreas prend conscience qu’il se fait le complice passif du régime nazi qu’il déteste. La récente rupture avec son épouse, Magdalena, fervente adepte d’Hitler, lui fait comprendre qu’il est un nazi moutonnier. Les Jeux sont une farce où des athlètes juifs allemands ont été autorisés à concourir. Il rencontre Susanna Rosenberg, une collègue américaine qui lui propose de l’aider à faire s’évader des Juifs d’Allemagne. Elle lui apprend qu’il est surveillé par la Gestapo. Dans ce roman dépressif, que Franz-Olivier Giesbert a comparé à Zweig, le héros a peu de pouvoir…. Si ce n’est celui de désobéir.

C’est le premier des génocides nazis, celui concernant les handicapés, dont nous parle l’écrivaine allemande Barbara Zoeke dans son roman « L’Heure des spécialistes », paru chez Belfond. L’éminent professeur Max Koenig, soigné au sanatorium de Wittenau, se sent décliner, mais il a confiance en ses collègues. Il ne veut voir dans le Nazisme que brutalité, ignorant que la plupart des scientifiques se sont mis à son service. Ils ont un projet pour assainir le peuple allemand : l’élimination des handicapés et malades incurables. Un roman terrible.

Ce n’est pas un roman, mais un récit que nous donne la journaliste américaine Svenja O’Donnel avec « Inge en guerre »paru chez Flammarion. Elle revient sur les souvenirs de sa grand-mère, Inge, qui vivait avec les siens à Königsberg (aujourd’hui en territoire russe). Elle ravive l’histoire de ces femmes allemandes, piégées par la guerre, victimes du régime nazi, puis des libérateurs soviétiques, et qui n’ont jamais parlé. Une voix se réveille.

                                                             Jean-Luc  Aubarbier.

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