Hollywood cantine et autres polars.
Le Tour des Livres.
Le Français Olivier Barde-Capuçon nous propose un excellent polar américain avec « Hollywood cantine » en série noire Gallimard. Nous sommes à Los Angeles, juste après Pearl Harbor, et les studios de cinéma ont ouvert une boite de nuit, surnommée Hollywood cantine, où les soldats partant pour la guerre viennent gratuitement se détendre, servis par des vedettes. La narratrice, la détective privée Vicky Malone, découvre sa cliente (et ancienne maitresse) Joyce, une photographe de plateau, assassinée dans sa voiture. Peu après, on tente de l’étrangler. Aidée par Arker, des services secrets, elle entreprend une enquête personnelle. Joyce travaillait avec Savannah Ford, « la plus célèbre vierge d’Hollywood ». Cantonnée dans les rôles de très jeunes femmes, cette dernière n’a pas le droit de paraitre avec un homme. En douce, elle ne recule ni devant les amants, ni devant la drogue. L’auteur nous décrit un Hollywood affairiste (la mafia y a mis le nez) et machiste ( « Les hommes avaient pris les commandes dès que le cinéma avait commencé à gagner beaucoup d’argent. »), entre pudibonderie, hypocrisie et racisme. Comme dans son précédent roman, « Hollywood s’en va en guerre » (Folio), on découvre un milieu cinématographique qui s’engage. Après la mort de son épouse, Carole Lombard, Clark Gable s’engage dans l’U.S. Air Force, tout comme James Stewart, et Henry Fonda dans la marine. Un livre qui a la qualité d’un roman noir, avec la légèreté de l’humour en plus.
Avec Eric Fouassier, et son « Requiem pour la Dame Blanche », paru chez Albin Michel, nous changeons de guerre et de continent. En 1916, sur le front de la Somme, un aviateur, le capitaine Saux, est mystérieusement tué dans son avion, d’un coup de baïonnette. Peu après, sa maitresse, Sybil, une chanteuse célèbre surnommée la Dame Blanche, est convaincue d’être une espionne allemande et sommairement exécutée. Quinze ans plus tard, le colonel Saint-Léger, qui a commandé l’exécution, convoque les quatre autres justiciers improvisés dans une maison qu’il a fait rebâtir sur l’emplacement du drame, toute à la gloire de Sybil. Il veut démontrer qu’elle était innocente et démasquer le coupable qui se trouve parmi les invités, tous anciens de l’escadrille : Martin Clancier, le pilote séducteur, Paul Mihalesco, un cryptographe, Florimond Blache, un détective privé et le jeune Antoine Perrin qui était le mécanicien de Saux. Un terrible huit-clos s’installe. Un roman aux accents d’Arsène Lupin.
L’académicien François Sureau s’essaie aux polars avec « Les Enfants perdus » (Gallimard). Le héros, Thomas More, une sorte de Juif errant, mène des enquêtes à différentes époques. Ici, nous sommes en 1870, dans un camp de prisonniers français. More va résoudre deux affaires : le meurtre d’un cuirassier, tué avec une dent de sanglier, et celui d’une religieuse … qui ne l’est peut-être pas.
En 1957, Evelyn Piper fait paraitre un polar « Bunny Lake a disparu », aujourd’hui chez Folio. Quand sa mère vient reprendre la petite Bunny à l’école maternelle, le premier jour de classe, elle ne la retrouve pas. Pire, personne ne souvient d’elle. La police en vient à douter de son existence. Le roman a été adapté au cinéma par Otto Preminger.
Jean-Luc Aubarbier.



Courrier français du 17 octobre 2025. Article suivant