MENU

by • 13 janvier 2014 • Mes chroniques littérairesComments (0)2605

Essor sarladais du 22 11 2013

IMMORTEL WESTERN.

Le Tour des Livres.

 

Le western est à la mode… en littérature. Le cinéaste Bertrand Tavernier lance, chez Actes Sud, la publication des romans qui ont inspiré les plus grands réalisateurs de western, de John Ford à Howard Hawks. Et la grande surprise de la rentrée littéraire s’intitule « Faillir être flingué », paru chez Rivages sous la plume de Céline Minard. Le roman se réapproprie tous les éléments du western : la traversée de la plaine en charriot, les indiens, le saloon, les bagarres, etc. La lecture donne l’impression de voir, sur un écran de cinéma, une immense plaine où se croisent différents personnages, en quête d’une identité, d’un lieu à bâtir. Jeff et Brad traversent les grands espaces, à la recherche d’un endroit où se poser. Bird poursuit Elie qui lui a volé son cheval (que vaut un homme sans cheval au milieu du Grand Pays ?) Eau-qui-court-sur-la-plaine, une chamane indienne sans tribu, joue les guérisseuses errantes ; elle est un peu l’âme de ce roman envoûtant. Plus que l’histoire elle-même, ce sont les mythes qui ont peuplé l’Ouest, les mythes fondateurs des Etats-Unis … qui peuplent aussi la mémoire des Européens.

Entre Irlande et Amérique, c’est aussi le thème du roman « Transatlantic » de Colum McCann, paru chez Belfond. A la manière du « Colorado saga » de Michener, l’auteur nous raconte les liens étroits qui unissent ces deux pays, en suivant une lettre qui jamais n’arrivera à son destinataire. En 1919 (10 ans avant Lindbergh), les aviateurs Alcock et Brown relie Terre-Neuve à l’Irlande à bord d’un vieux bombardier de 14-18, embarquant un sac de courrier. Puis Douglas, un ancien esclave qui a rédigé ses mémoires, vient remercier le public irlandais pour son aide dans le combat abolitionniste. En 1988, le sénateur américain Georges Mitchell, malgré les risques d’attentats, œuvre pour la paix sur l’Ile Verte. Trois générations de femmes, de Lily, débarquée de Dublin en pleine guerre de Sécession, puis Emily qui croise la route de l’aviateur Brown, jusqu’à Lottie revenue vivre dans une Irlande encore en proie à ces vieux démons, établiront ce pont sur l’Atlantique.

Le mythe de l’ouest est aussi présent dans le roman « Canada », de Richard Ford, paru chez l’Olivier. A l’âge de quinze ans, Dell va devoir s’assumer tout seul. Alors qu’il vivait dans une ferme du Montana, ces parents, ruinés, ont attaqué une banque et se sont fait arrêter. Son enfance passive va se transformer en une course-poursuite. Pour éviter l’orphelinat, il passe la frontière canadienne. Le propriétaire d’un hôtel, Arthur Remlinger, lui aussi recherché, le prends sous sa protection. Un magnifique roman d’apprentissage, rédigé dans un style splendide.

Au Cherche-Midi, Jim Fergus publie « Mon Amérique », le récit de six années de pérégrinations à travers les Etats-Unis. Entre les paysages grandioses ou arides, la beauté sauvage de ce pays-continent, et les histoires de pèche à la mouche dans les rivières de l’Ouest, il évolue entre mythe et réalité concrète, nous promène à la rencontre des indiens et nous initie à un véritable art de vivre à l’américaine.

Auteur franco-américain, Norman Ginzberg nous propose « Arizona Tom », son premier roman, chez Héloïse d’Ormesson. Juif d’Europe centrale, né sur un paquebot en partance pour l’Amérique, Ocean Miller a fini shérif d’une bourgade perdue de l’Arizona. Lorsque Tom, un garçon de douze ans, sourd et muet, traverse la ville en trainant un cadavre derrière lui, il devient le coupable idéal d’un meurtre atroce. Pour lui éviter la potence, Ocean se lance dans une enquête haletante qu’il arrose à grand coup de bourbon. Le désert, l’or caché, ponctueront sa recherche.

Spécialiste du fantastique, Dan Simmons nous propose un grand roman américain avec « Collines noires », chez Robert Laffont. Collines-noires est le nom d’un jeune indien doté d’un pouvoir magique. Il lui suffit de toucher un être humain pour rentrer dans ses pensées. En 1876, il a ainsi pu investir la personnalité du général Custer, avant la bataille de Little Big Horn. Depuis, il le porte en lui. Devenu vieux, l’indien travaille à la réalisation du monument du mont Rushmore, élevé à la gloire des pères fondateurs des Etats-Unis, en 1930. Il rêve secrètement de détruire ce symbole de la domination blanche. Un roman fascinant qui nous fait parcourir une partie des grands mythes américains.

                                                           JEAN-LUC  AUBARBIER.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *