MENU

by • 21 novembre 2025 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 21 novembre 2025.84

Essor Sarladais du 21 novembre 2025.

LITTERATURE ANGLO-SAXONNE.

Le Tour des Livres.

   Jonathan Coe fait partie des grands auteurs britanniques dont on attend les parutions avec impatience. On ne sera pas déçu avec « Les preuves de mon innocence » paru chez Gallimard. Comme à son habitude, il raconte à sa manière l’histoire récente de la Grande-Bretagne. Nous sommes à un moment crucial : la reine Elizabeth vient de mourir et la première ministre Liz Truss entame un règne éphémère au 10 Downing street. Coe divise son roman en trois parties, chacune dédiée à un genre littéraire différend : le polar façon cosy crime, à la manière d’Agatha Christy pour la première, le roman étudiant gothique dit dark academia, pour la seconde et l’autofiction pour la troisième, le tout formant un roman avec une unité de lieu, de temps et d’action. On rencontre Christopher chez ses amis Joanna, pasteure et Andrew, géomètre et leur fille Phyl, étudiante qui aspire à écrire. Puis Christopher, journaliste, s’introduit dans une réunion d’extrême droite  et il est assassiné. L’inspectrice Prudence Freeborne mène l’enquête : passages secrets, complot politique, intrigues amoureuses, personnages qui se sont croisés dans le passé pour se retrouver dans le drame d’aujourd’hui constituent une trame efficace. Nous ne révèlerons pas le dénouement de l’intrigue, mais la lecture de ce roman, construit autour d’une certaine dérision jubilatoire, est dès plus agréables.

Prix Pulitzer 2025, Percival Everett nous propose un petit bijou avec « James » paru aux éditions de l’Olivier. Le romancier américain reprend un personnage des œuvres de Mark Twain qui apparait dans « Les aventures de Tom Sawyer » et « Les aventures de Huckleberry Finn » dont « James » serait le troisième volet. James, c’est Jim l’esclave noir, personnage secondaire de Twain. Everett lui donne ici le premier rôle. Parce que sa propriétaire veut le vendre et le séparer de sa femme et de sa fille, James s’enfuit en compagnie d’Huckleberry. Ils descendent le Mississippi sur un radeau et vivent diverses aventures. Tous les Blancs qu’ils rencontrent veulent remettre James aux fers. Contrairement au personnage de Mark Twain, James est un homme cultivé, il sait lire et écrire. Mais il doit absolument dissimuler cela aux Blancs qui le pendraient, effrayés par un esclave cultivé. De même, il parle un anglais parfait avec ses semblables, mais il baragouine le « petit nègre » avec les Blancs, ce qui donne lieu à un jeu littéraire subtil. Il joue un rôle devant ceux qui le méprisent, mais c’est la littérature qui le sauve : « je me suis mis au monde par l’écriture » dit-il.

John Irving publie peu, et c’est bien dommage. Avec « Les Fantômes de l’hôtel Jérôme », paru chez Seuil, il nous donne une somme  (1000 pages) qui synthétise ses romans précédents. Nous suivons Adam, le narrateur, de sa naissance en 1941 jusqu’en 2011. Il est né d’une étrange conception « à la Garp », grandit entouré de femmes et de filles, se développe grâce au ski (et non plus par la lutte). Avec Rachel, sa mère célibataire, il constitue une petite famille. Sa référence littéraire obsessionnelle n’est plus Dickens, mais Melville et son « Moby Dick ». Tous les thèmes d’Irving réunis en un seul volume.

Jim Fergus poursuit son cycle indien entamé avec « Mille femmes blanches ». Dans « La Fille Sauvage », paru au Cherche-Midi, il raconte l’histoire d’une jeune indienne, traitée comme une bête de cirque, que ses compatriotes, les derniers apaches libres, veulent échanger contre un enfant kidnappé.

                                                                            Jean-Luc Aubarbier.

Comments are closed.