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by • 22 avril 2017 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 21 avril 20172145

ESSOR SARLADAIS du 21 avril 2017

 

 

 

 

 

 

 

 

LA RESURRECTION DE L’AUROCH.

Le Tour des Livres.

 

C’est un roman profond, étrange et envoûtant que nous propose la romancière Stéphanie Hochet avec « L’animal et son biographe » qui vient de paraître chez Rivages. La narratrice (qui ressemble à l’auteur) est une jeune romancière invitée à une tournée littéraire dans le Lot. L’ambiance est tout de suite un peu glauque : la romancière passionnée par la cause animale face à un public de chasseurs. La Parisienne doit vite s’adapter à cette campagne où la vie sauvage existe encore. On peut dire qu’elle se retrouve séquestrée par gentillesse, dans une ferme isolée, sans téléphone ni voiture. Le maire de Marnas, une sorte de gourou débordant de testostérones, lui demande d’écrire pour la communauté la biographie d’un animal préhistorique qu’il vient de recréer. L’auroch, taureau gigantesque de l’âge de pierre, héros de l’art pariétal, représente pour lui la nature et la première religion, celle du Minotaure. Le rapport de l’être humain à son animalité est finement analysé : la romancière elle-même finit par prendre du plaisir à la chasse…. Mais il est dangereux d’éveiller l’instinct de mort qui, au fond de chacun de nous, ne dort que d’un œil. Si l’homme est un animal comme les autres, alors il est lui aussi une proie.

Tout le contraire du précédent, « Bonnet », le roman de la journaliste Eliane Girard, paru chez Buchet-Chastel, nous présente un danger bien moderne. Lorsque Tristan, humble vendeur de journaux, croise la route de Lina, la coqueluche du paysage audiovisuel que traquent tous les médias, leurs destins vont basculer malgré eux. Tristan n’a fait que demander une cigarette à la jeune femme puis, pour la remercier, l’a embrassée sur la joue. Mais cette scène sans importance n’a pas échappé aux chasseurs d’images. Qui est donc l’homme au bonnet, le nouveau petit ami de Lina ? Dès le lendemain, les réseaux sociaux s’enflamment et l’existence des deux personnages s’en trouve bouleversée.

Sylvie Baron vient d’obtenir le prix Arverne pour son nouveau roman « L’héritière des Fajoux » paru chez Calmann-Lévy. A la mort de son père, Marie décide de quitter le Québec pour reprendre en Auvergne la scierie familiale. Sa fille, Flore, l’accompagne. Ce n’est pas de tout repos de faire sa place dans un univers masculin. Marie doit se battre dure. Petit à petit, elle se rend compte que la mort de son père lors d’un débardage n’est peut-être pas accidentelle ; de plus, elle est elle-même étroitement surveillée.

C’est également en Auvergne, à Laqueuille que Philippe Robin situe l’action de son roman « L’or bleu », paru chez de Borée. L’or bleu, c’est ce fromage puissant que l’on nomme « bleu d’Auvergne », dont l’auteur terrassonnais nous raconte l’histoire à travers une fiction, la vie d’Antoine Roussel, l’inventeur d’un nouveau produit, croisement de la fourme locale et du Stilton britannique.

Régine Eskander qui a des attaches en Périgord, nous propose chez Edilivre « Chronique d’une révolution presque parfaite ». L’Egypte multiséculaire a bien pensé secouer le joug des traditions lors du printemps arabe. Chasser le vieux pharaon, établir la justice et la liberté, la jeunesse en rêvait. Cela a faillit réussir… mais les islamistes veillaient au grain : pas question de laisser un pays musulmans goûter aux joies de la démocratie … ou plutôt leur conception de la démocratie ressemble à celle d’Hitler : le vainqueur a tous les droits. L’Egypte n’avait-elle donc le choix qu’entre l’islamisme et l’armée ?

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

 

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