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by • 15 avril 2021 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 16 avril 2021.854

Essor Sarladais du 16 avril 2021.

La vie rêvée.

Le Tour des Livres.

Dans son nouveau roman paru chez Gallimard, « Les enfants sont rois », Delphine de Vigan tente de saisir la révolution qui s’est déroulée à partir de 2001, avec l’émission Loft Story. La célébrité n’était plus liée aux mérites ; n’importe qui pouvait exiger sa ‘minute éternelle’. L’apparition simultanée des réseaux sociaux ouvre les portes sur une quatrième dimension. Recalée lors d’une émission de téléréalité, Mélanie décide de prendre sa revanche. Pour quitter une vie qui l’ennuie, elle met en scène ses deux enfants. Sammy, son fils de huit ans et Kimmy, sa petite sœur, se prêtent aux jeux. L’émission Happy Récré, diffusée sur le net, obtient des millions de spectateurs. Toutes les grandes marques veulent être vues avec les enfants ; peu à peu, chaque minute de leur vie est soumise à l’image. Le drame tombe sur les Diore quand Kimmy est enlevée. Clara, une policière aux allures d’adolescente, est chargée de l’enquête. La jalousie, l’appât du gain sont sûrement la cause de l’enlèvement. Peu à peu, elle découvre une réalité plus sombre. Les enfants sont-ils vraiment heureux de participer à ces jeux qui n’en sont pas ? Leur mère ne préfère-t-elle pas une vie inventée de princesse, par refus de la réalité ?

Avec « Un si petit monde » publié chez Buchet-Chastel, Jean-Philippe Blondel offre une suite à son roman « La Grande Escapade ». Quatorze ans plus tard, en 1989, nous retrouvons certains personnages, toujours dans l’univers des enseignants. Michèle est toujours institutrice (on dit désormais ‘professeur des écoles’) car elle craint de s’ennuyer en prenant sa retraite. Philippe, l’enfant épris de littérature, vient de réussir le Capes d’anglais. Il hésite à entrer dans la vie active et préfère s’imaginer une vie idéale avec Elena, une jeune fille rencontrée lors d’un voyage en Amérique du Sud. Elena souhaite seulement quitter la misère. Les temps ont changés. La peur du Sida, la perte des illusions politiques qui chutent avec le mûr de Berlin,  ont transformé le monde en un univers dangereux, incertain. Janick et Michèle apprennent à se passer des hommes, à vivre autrement, tandis que Geneviève Coudrier semble inamovible.

Lorsqu’une femme s’en va, elle emporte le monde avec elle. C’est ce qu’expérimente Adem, le héros du « Sel de tous les oublis », le dernier roman de Yasmina Khadra, publié chez Julliard. Quitté par son épouse, l’instituteur abandonne ses élèves et part sur les chemins, tel don Quichotte. Des rencontres providentielles vont jalonner sa route. L’auteur nous offre une méditation sur la possession, la rupture, le déni et la méprise.

Chez Gallimard, Patrice Jean nous propose « La poursuite de l’idéal », un roman d’apprentissage rédigé dans un beau style classique. Bien qu’il n’ait rien à redire à son existence, Cyrille a le sentiment que sa vie s’enlise. Romantique, il la voudrait brillante, aventureuse, luxueuse. Il lit beaucoup, trop peut-être, et s’imagine en héros de Stendhal. C’est vrai que le service du contentieux où il travaille n’a rien de glamour. Mais on peut mettre du piquant dans sa vie, entre l’amour, le Christ et la révolution, sans cesser de se heurter aux réalités du monde.

                                                                Jean-Luc Aubarbier.

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