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by • 12 avril 2018 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 13 avril 20181898

ESSOR SARLADAIS du 13 avril 2018

 

 

UN ETE D’ORAGE, L’HISTOIRE A FLEUR DE PEAU.

Le Tour des Livres.

 

« Un été d’orage », le dernier roman de Corinne Javelaud, qui vient de paraître chez City éditions, dans la collection Terre d’Histoires, est assurément le meilleur de cette romancière périgourdine. Dans le Paris occupé de 1942, Eulalie Fontanel est désespérée : sa maison a été bombardée, Lazare, son époux, est porté disparu et elle doit s’occuper de Béata, sa fille de six ans. Cette jeune femme trop belle, trop grande, que l’on ne peut que remarquer, va trouver un emploi de danseuse aux Folies Bergères. Danser a toujours été son rêve, mais se retrouver à moitié nue devant un public constitué pour l’essentiel d’officiers allemands, l’humilie profondément. Eulalie est prête à tout subir pour que Béata ne manque de rien, même à supporter les avances de Lubin von Baden, ce mystérieux colonel des services de renseignements. Mais un jour, elle n’en peut plus ; alors elle fuit, avec sa fille. Elle gagne Angoulême, bien déterminée à franchir la ligne de démarcation pour rejoindre, à La-Rochefoucauld, sa cousine Chabert. Au cours de son périple, elle va rencontrer de tout : des hommes dévoués, des profiteurs, des justes et des salauds. Ce qu’elle ignore, c’est que sa cousine travaille pour l’ennemi. Neuf ans après la fin de la guerre, Béata se souvient de ce périple et tente d’en comprendre le sens. Un magnifique roman historique fort bien campé, dont les détails ont fait l’objet de soigneuses recherches et rédigé dans un style plein et élégant. L’ambigüité des personnages reflète celle d’une époque et le désespoir d’Eulalie devient le notre.

C’est aussi d’une grande jeune femme dont nous parle Michel Bernard dans son dernier roman « Le Bon Cœur », paru à la Table Ronde, mais celle-ci nous est plus connue. Il s’agit de Jeanne d’Arc et son corps est le corps de la France. Elle appartient à l’Histoire et au mythe ; on croit la connaitre et elle est insaisissable. Cette jeune paysanne déterminée de 17 ans, que le sire de Baudricourt finit par gifler quand elle vient pour la deuxième fois lui demander des troupes, l’intrigue tout autant qu’elle nous interroge. Cette époque troublée de la guerre de Cent Ans, ce pays occupé par les Anglais, tout est propice à favoriser les illuminés et les faux prophètes. Pourtant, il va lui faire confiance, comme nous lui faisons encore confiance. Dans un style lyrique et flamboyant, Michel Bernard nous fait revivre cet épisode de notre histoire avec l’accent du conteur Homère.

Mai 1940 à nouveau, dans le roman de Frédéric Verger, paru chez Gallimard « Les rêveuses ». Tandis que les troupes d’Hitler déferlent sur la France, Peter Siderman, un jeune Allemand engagé dans l’armée française par haine du nazisme, prend l’identité d’un mort pour sauver sa peau. Fait prisonnier, il se croit à l’abri quand on lui annonce qu’on va le libérer et le conduire dans sa famille. Cette liberté pourrait bien s’avérer mortelle car à son domicile, personne ne le connait. Dans un style sensuel, l’auteur nous livre une histoire aussi riche en métaphores qu’en rebondissements.

Nous sommes toujours en 1940 dans le roman de Jennifer Ryan, paru chez Albin Michel, « La chorale des dames de Chilbury », mais en Angleterre. Les hommes sont au front et les femmes de la petite ville, restées seules, doivent faire marcher les affaires tout en sauvegardant leur seule passion : leur chorale. Ce chœur antique devient bientôt l’objet de toutes les attentions, le sujet de toutes les conversations. Il est l’agora, le lieu des échanges, des disputes, des jalousies, des amours, l’endroit où la vie, si méprisée en temps de guerre, se réfugie.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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