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by • 11 décembre 2020 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 11 décembre 2020.1205

Essor Sarladais du 11 décembre 2020.

HISTOIRES DE FAMILLES.

Le Tour des Livres.

Avec « Un été sous les tilleuls », paru chez Calmann-Lévy, Jean-Paul Malaval nous livre peut-être un de ses meilleurs romans. Ce huis-clos doux-amer, dans une propriété corrézienne, évoque les belles images du film de Bertrand Tavernier « Un dimanche à la campagne » tiré du délicieux livre de Pierre Bost « Monsieur Ladmiral va bientôt mourir ». A 87 ans, Albin Dumontel tient encore sous sa main ferme sa descendance. Une fois l’an, tout le monde vient passer l’été dans la propriété du Puy-de-Grace. Selon un rite immuable, chacun y occupe la même chambre, selon une savante hiérarchie orchestrée par Amélie, la gouvernante. Xavier, le fils, un raté, a eu la chance d’épouser l’ambitieuse et riche Armande. Virginie, la fille, la préférée, est médecin, mariée à l’ennuyeux Labec. Les quatre petits-enfants sont très différents : Romane l’enseignante, Eliott, le photographe utopiste, Noémie, l’esthéticienne pragmatique, Manuel, l’architecte homosexuel. Leurs conjoints : des « pièces rapportées » qui n’ont pas voix au chapitre. Selon les personnalités et les désirs, chacun attend qu’Albin fasse don de ses biens à ses héritiers. Le vieillard (quel rôle c’eut été pour Michel Serrault) est un libertaire bourgeois qui n’aime pas l’argent, un réactionnaire cultivé qui se plait à régner sur les siens. La révélation d’un secret de famille va jeter la discorde dans un groupe déjà fragile ; chacun va révéler son vrai visage.

Longtemps, le journalisme sportif fut un domaine exclusivement masculin. Depuis quelques années, les téléspectateurs ont vu arrivé de talentueuses commentatrices, y compris dans les domaines les plus virils : Isabelle Ithurburu et Clémentine Sarlat pour le rugby, Laurie Delhostal pour le football, Pauline Sanzey pour le golf, et beaucoup d’autres. Cela n’étonne plus personne, mais c’est oublier combien les débuts, à la radio, furent difficiles pour les pionnières. Hélène Legrais fut l’une d’elles ; dans un roman très autobiographique, « Nous étions trois », publié chez Calmann-Lévy, elle nous raconte cette épopée. Elise la Catalane (comme Hélène Legrais) est prête à tout, même à l’exil parisien, pour assouvir sa double passion : le journalisme et le sport. Sur les antennes d’une grande radio nationale, elle rencontre deux autres débutantes : Clémence la footballeuse et Noële, spécialiste de la voile. Dépasser les réflexions machistes et l’entre-soi masculin ne va pas être une sinécure pour « les petites cailles » (comme les surnomme leur chef).

Les terres provençales servent de théâtre au roman du corrézien Gilbert Bordes, paru aux Presses de la Cité, intitulé « Le Testament d’Adrien ». A la mort de son père adoptif, Pablo revient dans son village après un exil forcé. Adrien avait pour le village du Puget des rêves de grandeur : un festival de musique, un complexe hôtelier. Mais celui qui fut surnommé le Fada s’est brisé sur le conservatisme et les intérêts particuliers de quelques uns pour lesquels rien ne doit jamais changer. Fort de son diplôme de médecin, Pablo revient pour accomplir les ambitions de son père. C’est dire s’il va être mal accueilli. D’autant plus qu’il entend reconquérir le cœur de Gaëlle, son amour de jeunesse, mariée à un villageois. Adrien a toujours refusé leur union.

Natif du Cantal, Antonin Malroux choisit Aurillac, au début du XX° siècle, pour situer son roman « Le rêve de Marie-Hélise », paru aux éditions de Borée. Enfant abandonnée, placé par l’Assistance Publique, Marie-Hélise observe Inès, une gitane qui allaite son bébé. A coté d’elle, Pierre, un paysan retraité, qui a perdu tragiquement toute sa famille, fait de même. Leur destin douloureux, leur chagrin inconsolable, va les rapprocher et faire naître entre eux une amitié salvatrice.

                                                                     Jean-Luc Aubarbier.

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