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by • 7 avril 2022 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 8 avril 2022.576

Essor Sarladais du 8 avril 2022.

Ecrits d’Extrême-Orient.

Le Tour des Livres.

     Après avoir obtenu le prix des Libraires en 2019 pour « Ame brisée » (Folio), Akira Mizubayashi nous revient avec « Reine de cœur », toujours chez Gallimard. Le plus étrange, chez cet auteur né (en 1951) et vivant au Japon, c’est qu’il ait choisi d’écrire en français. « La comparaison entre les deux langues est très complexe », dit-il. Mais son approche est plus encore sociologique : « Le Japon n’arrive pas à sortir de son Ancien Régime. Pourquoi les Japonais continuent-ils à demeurer dans le régime mental de domination – soumission de type confucéen ? » La liberté de la pensée française l’a conduit à adopter sa langue comme expérience de culture. La musique est également au cœur de toute sa création : « Je construis mes livres comme des œuvres musicales ». Le thème de « La Reine de cœur » ne surprendra personne : en 1939, Jun, un musicien japonais étudiant à Paris, regagne son pays. Il va avoir deux filles de deux femmes différentes, l’une française, l’autre japonaise. Cinquante ans plus tard, grâce à un roman dans lequel Mizunè reconnait l’histoire de son grand-père,  les deux branches se réunissent. Le roman tout en sensibilité, traite de la violence de la séparation, de l’horreur de la guerre en Chine en 1931, en France en 1940 et au Japon en 1945. Jun est contraint par ses supérieurs de décapiter un prisonnier chinois.

L’auteur favori de Mizubayashi vient, lui aussi, de publier chez Belfond, deux ouvrages en France (mais traduit du japonais par Hélène Morita) : il s’agit d’Haruki Murakami. Dans « Abandonner un chat », court texte merveilleusement illustré par Emiliano Ponzi, il nous livre la nostalgie de son enfance et des révélations sur son père. « Il y a toujours eu des chats à la maison…  Etant fils unique, mes compagnons les plus précieux étaient les livres et les chats ». « je suis le fils ordinaire d’un homme ordinaire…  J’ai été convaincu que nous sommes tous le fruit du hasard, et que ce qui a eu lieu dans ma vie et dans celle de mon père a été accidentel. Et pourtant, nous, les humains, ne vivons-nous pas en considérant comme la seule réalité possible ce qui n’est après tout que le simple fait du hasard ? » Une scène déjà vue dans le roman de Mizubayashi : le père assiste (ou participe) à l’exécution d’un prisonnier chinois (c’est ainsi que l’armée impériale japonaise endurcissait les jeunes recrues). Murakami publie également un recueil de huit nouvelles très intimes, écrites, comme l’indique le titre, à la « Première personne du singulier ».

Les thrillers chinois restent des choses rares. Cai Jun, né à Shanghaï en 1978, nous propose « Comme hier », publié chez XO. Trois personnes meurent dans un incendie, mais le père de famille, Jiao Keming, un professeur d’informatique, a été assassiné auparavant. L’inspecteur Ye Xiao, assisté par l’étrange hackeuse Sheng Xia (inspirée de Lisbeth Salander) ne tardent pas à découvrir que ce meurtre est lié à deux autres, plus anciens. Ils vont devoir affronter la redoutable réalité virtuelle qui déniche les souvenirs enfouis au fond du cerveau, pour faire éclater la vérité.

Les éditions Belfond réédite « La Saison du Soleil »  le chef d’œuvre du romancier japonais Shintaro Ishihara, récemment disparu. On y découvre la jeunesse aisée et désœuvrée de l’après-guerre, qui se rêve en Américains pour contredire la génération précédente.

                                                                                Jean –Luc  Aubarbier.  

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