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by • 2 novembre 2017 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 3 novembre 2017.1774

ESSOR SARLADAIS du 3 novembre 2017.

 

 

TOUTES LES FAMILLES HEUREUSES.

Le Tour des Livres.

 

Y a-t-il un scandale, pour un enfant, de ne pas aimer ses parents ? Telle est la question que se pose Hervé Le Tellier dans ce livre très littéraire, « Toutes les familles heureuses », paru chez Jean-Claude Lattès. Un ouvrage de belle écriture, mais qui ne veut pas se nommer « roman », peut-être parce que trop autobiographique. « Je n’ai pas été un enfant malheureux, ni privé, ni battu, ni abusé », mais il ne suffit pas que les apparences soient sauves ; ne pas être maltraité ne suffit pas pour être heureux. « Très jeune, j’ai compris que quelque chose n’allait pas, très tôt j’ai voulu partir et d’ailleurs, très tôt je suis parti. » Peut-on s’épanouir au sein d’une famille où règne un ennui désespérant ? Une famille tellement lisse que tous les souvenirs sont effacés. Un père absent, un beau-père inexistant, une mère dominatrice, tyrannique même, mais pas faite pour le bonheur et tellement affabulatrice qu’elle est peut-être folle. On peut en rire ou en pleurer, mais pour un enfant prisonnier d’une telle situation, qu’il aime ou non ses parents, le salut est toujours dans la fuite… avant de mourir d’ennui.

C’est un des romans les plus étranges de cette rentrée. Paru aux éditions Inculte, couvert de symboles ésotériques, « Jérusalem » d’Alan Moore est un OVNI littéraire. Contrairement aux apparences, il ne se passe pas du tout à Jérusalem, mais à Northampton, en Grande-Bretagne. Comme « Ulysse » de Joyce veut nous montrer que la vie quotidienne de monsieur tout le monde est une Odyssée, Alan Moore, disciple de Lovecraft, nous signifie que toute ville est une Jérusalem, un lieu où les mémoires de générations disparues s’entassent, où le passé continue à cohabiter avec le présent. Tout endroit est au centre du monde, toute vie a déjà été vécue, comme en un éternel retour. « Si on demeure longtemps au même endroit, qu’on s’intéresse aux gens qui vivent, à l’architecture, à l’histoire, aux interactions entre familles et voisins, on accède à un niveau de connaissance du lieu profond et passionnant… Jérusalem est le récit de ce voyage vertical. »

On croit tout savoir sur Saint-Exupéry, mais comme chez tout les héros universels, il y a toujours quelque chose à découvrir. Dans « Les mystères de Saint-Exupéry », paru en poche à la Table Ronde, Jean-Claude Perrier explore certains aspects de l’homme et de son œuvre. Les nombreuses femmes qui ont illuminé sa vie réduisent un peu le rôle de Consuelo, la rose du Petit Prince. Ses rendez-vous manqués avec le cinéma ont réduit en quantité son œuvre littéraire. On apprend que Jean Renoir devait adapter « Terre des hommes ». L’origine du « Petit Prince », imaginé avant-guerre et dessiné pour Marie-Sygne Claudel, petite-fille de l’auteur dramatique. Enfin l’enquête jamais close sur sa disparition. Un ouvrage passionnant pour ceux qui aime Saint-Exupéry.

Il y a quatre années, la Dommoise Nathalie Aumont nous avait donné un beau roman autobiographique, « Consolation », paru chez Arléa. Son second roman, « Sur le pont », paru chez Label Baïne, raconte la rentrée scolaire d’une professeur de français désespérée. Elle ne manque pas d’enthousiasme, pourtant, mais le total désintérêt de ses élèves, le manque de soutient de sa hiérarchie et de ses collègues et surtout, l’immensité de l’ennui de cette vie quotidienne sans surprise, lui donnent le sentiment d’être emmurée vivante. Elle se demande aussi si elle est bien faite pour ce métier : elle refuse de juger alors qu’on le lui demande. Un livre plus documentaire que romanesque, à la belle écriture.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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