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by • 25 février 2017 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 24 février 2017.2045

ESSOR SARLADAIS du 24 février 2017.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Cet obscur objet du désir, façon Rouart.

Le Tour des Livres.

 

Les fans du dernier film de Luis Bunuel, « Cet obscur objet du désir », tiré du livre de Pierre Louys « La femme et le pantin », en reconnaitront aisément le thème dans le dernier roman de Jean-Marie Rouart, édité chez Gallimard, « Une jeunesse perdue ». Le narrateur, un homme au seuil de la vieillesse, se désespère d’avoir atteint l’âge où l’on n’est plus désiré. Cet expert en art, qui vit éloigné de sa femme, n’en revient pas lorsque Valentina lui tombe littéralement dans les bras. Elle est jeune, très belle, violente, bruyante et acharnée au plaisir, « une femme tempête » comme il aime à la nommer. Mais que dissimule cette folie sexuelle ? L’ambition (elle veut à tout prix faire publier un médiocre article) ? Une sensualité débridée ? Un véritable amour ? « Peu importe » pense le narrateur, trop heureux de cette aubaine. Mais il va passer par toutes les étapes de l’amour adolescent : le bonheur, le soupçon, la jalousie. Valentina se joue de lui, prend ses distances, le trompe, revient vers lui. L’académicien nous régale de son style stendhalien, classique et élégant.

On pourrait croire que le roman de Laurent Seksik, édité chez Flammarion « Romain Gary s’en va-t-en guerre » est consacré au double prix Goncourt. Il n’en est rien. C’est au père de Romain Gary qu’est adressé ce roman, ce père dont la figure a été totalement effacée par celle de la mère dans « La promesse de l’aube ». Gary est même allé jusqu’à s’inventer une figure paternelle, celle d’un célèbre acteur russe. En fait Arieh est un obscur fourreur juif de Wilno (Vilnius, en Lituanie) qui, après avoir abandonné femme et enfant, disparaitra dans l’enfer du ghetto, tandis que Nina et Romain s’enfuiront en occident. Romain deviendra pilote de bombardier dans la Royal Air Force pour venger ce père sacrifié.

Les éditions de Fallois nous révèlent un écrivain britannique de premier plan avec Allan Massie et son « Printemps noir à Bordeaux ». En 1940, Bordeaux, loin de la guerre et du front, s’apprête à redevenir pour quelques jours la capitale de la France. Un ancien avocat, homosexuel notoire, y est assassiné. Son ami, le commissaire Lannes, pense à un crime crapuleux, mais l’enquête va se révéler plus dure que prévue. Des pressions sont exercées sur le policier pour qu’il abandonne. Après l’armistice, Lannes doit s’occuper de son fils, prisonnier en Allemagne. La ville se peuple de réfugiés, et se retrouve coupée de la France de Vichy par la ligne de démarcation. La Collaboration devient un devoir national et les masques tombent : le crime de l’avocat est un assassinat politique qui plonge ses racines dans les années troublées d’avant-guerre.

Dans son deuxième roman « Cavale », publié chez XO, Virginie Jouannet, qui vit à Bayonne, nous raconte la fuite éperdue d’une femme vers la liberté. Après le meurtre de son compagnon, Jeanne a sombré dans l’amnésie. Elle s’est éveillée à coté du corps, couverte de sang, et elle ne se souvient de rien. Elle doit à tout prix retrouver la mémoire, mais quand commencent à résonner les appels anonymes dans son téléphone, elle comprend qu’elle doit fuir. Au cours de cette folle cavale, elle va dénouer peu à peu les fils de son passé et faire face à une culpabilité qui remonte à l’enfance et ne cesse de la ronger.

Chez Joëlle Losfeld, Stéphanie Kalfon nous propose son premier roman « Les parapluies d’Erik Satie ». En 1901, en proie à des difficultés financières, Erik Satie loue une chambre dans une banlieue sordide où, entre deux pianos désaccordés et quatorze parapluies identiques, il boit et compose. Intransigeant avec son art, impitoyable avec la médiocrité de ses contemporains, il quête du nouveau, quitte à être rejeté par le Conservatoire et les critiques. Un hommage au musicien et un témoignage sur sa vie.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

 

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