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by • 16 février 2018 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 16 février 20181871

ESSOR SARLADAIS du 16 février 2018

 

 

MASQUES DE VENISE.

Le Tour des Livres.

 

Grande voyageuse, Corinne Javelaud nous fait profiter de son expérience pour nous plonger dans une aventure littéraire, avec « Les amants maudits de Venise » (prix de l’Académie des Belles Lettres et Beaux Arts) que les éditions City viennent de rééditer en poche. Fuyant le deuil impossible de sa femme et de sa fille, Paul se réfugie à Venise où il fait une double rencontre. Il ignore que la rousse et pulpeuse Sirena et la brune et mince Carla sont sœurs. Il ignore aussi qu’il est l’objet d’une machination. Carla, qui porte toujours un masque pour dissimuler son visage blessé dans un accident, s’est persuadée que les astres ont mis cet homme sur sa route spécialement pour elle. Sa sœur, son père, vont l’aider dans son entreprise de séduction. Mais les choses ne tournent pas comme elle le voudrait : Paul tombe amoureux de Sirena, malgré la vie dissolue que mène la jeune femme. Carla va pousser plus loin son subterfuge, jusqu’à faire refaire son visage à l’image de la défunte épouse de Paul. Un roman où tous les personnages portent un masque, même ceux dont les traits sont découverts.

Les éditions City publient également le deuxième roman de Jacquie Béal, « Le Temps de l’insoumise » qui a le Périgord pour cadre. Dans une Aquitaine divisée par la guerre de Cent Ans, la jeune Ysolda n’a connu que la brutalité de son père, un homme sans morale qui n’hésite pas à prostituer ses filles. La jeune femme profite de l’épidémie de peste qui ravage l’Europe pour s’enfuir. Son inculture, la spiritualité de l’époque qui peuple le monde de légendes, de monstres et d’esprits subtils, la terrorisent et l’enchaînent dans sa condition. Par chance, elle découvre l’atelier d’un libraire. Elle se lance un défi : apprivoiser les  secrets de l’écriture et de l’enluminure. Cette démarche intellectuelle fera d’elle une femme libre, qui pourra trouver son chemin vers le bonheur.

Magnifique portrait de femme que nous livre Jim Harrison dans « La Fille du fermier » publié chez Folio. « Elle était née bizarre, du moins le croyait-elle. Ses parents avaient mis de la glace dans son âme, ce qui n’avait rien d’exceptionnel. » Sarah est un de ces héroïnes que le grand Jim aime à décrire, une femme forte, qui se passe très bien des hommes, chasse comme Buffalo Bill et ne se plait que dans la vaste et belle nature américaine. Abusée sexuellement, elle cherche inlassablement son agresseur pour l’abattre. Mais de l’autre coté de sa force, la musique, le goût pour l’étude des plantes, la connaissance des bêtes en font une femme libre. Les héros de Jim Harrison sont toujours des solitaires qui s’adaptent à leur mal, les femmes mieux que les hommes, car ces derniers dépendent trop de leurs désirs.

Chez Gallimard, Philippe Videlier, spécialiste de l’URSS, nous propose « Dernières nouvelles des bolcheviks », quatorze courts récits qui nous remémorent cette époque qui parait si lointaine aujourd’hui. L’arrestation de l’écrivain Isaac Babel par le NKVD en 1939, la mutinerie de l’équipage du cuirassé Potemkine, l’exploit de Gagarine… Des récits vrais et littéraires, précis et poétiques, qui nous instruisent autant qu’ils nous procurent du plaisir. Avec Philippe Videlier, la vérité ressemble à un conte.

Chez Albin Michel, Isabelle Yafil nous fait découvrir le monde des salles de ventes, ses mystères, sa beauté, dans « 9, rue Drouot ». Bernstein, expert et marchand d’art, vit en solitaire au milieu de ses chefs d’œuvre. Il engage comme assistante une timide jeune femme : Silvia. Nous découvrons avec cette dernière le métier des antiquaires de grand luxe, des experts en tableaux, des ventes aux enchères. Une complicité nait entre ces deux êtres que tout oppose. Jusqu’au jour où une œuvre de la collection personnelle de Bernstein disparait pour réapparaitre sur le marché. Le vieil homme décide de mettre Sylvia à l’épreuve.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

 

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