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by • 3 juillet 2014 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 12 juin 2014.2576

ESSOR SARLADAIS du 12 juin 2014.

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La surveillance en tout genre, qui enterre les libertés individuelles, est un thème récurrent chez Marc Dugain. Après « La malédiction d’Edgar » et « Une exécution ordinaire », il nous propose, toujours chez Gallimard, « L’emprise ». Un leader politique, Philippe Launay, cynique à souhait, un leader syndicaliste, Lars Sternfall, qui disparait après l’assassinat de sa famille, un voilier sponsorisé qui coule mystérieusement, le président d’un groupe militaro-industriel, un directeur des renseignements intérieurs. Lorraine, agent des services secrets, est chargée de relier ses évènements en apparence incohérents. Il n’est pas toujours facile de réussir une mission, surtout si ceux qui vous l’ont confiée ne souhaitent pas vraiment votre succès. Mais Lorraine est déterminée. Une plongée dans la magouille politico-économique, bien dégueulasse.

Chez le même éditeur, Milan Kundera nous invite à découvrir « La fête de l’insignifiance », le roman « où aucun mot ne serait sérieux ». Alain, abandonné par sa mère à sa naissance, se plonge dans des rêveries érotiques obsédées par les nombrils, Ramon se promène dans les jardins du Luxembourg, D’Ardelo fait croire qu’il souffre d’un cancer… A travers plusieurs personnages, insignifiants en apparence, auxquels vient s’ajouter l’absurdité en politique, Kundera montre les différences de notre perception du réel, liées à nos souvenirs affectifs. Nous découvrons avec lui l’utilité de l’insignifiance. Une œuvre esthétique, à l’humour corrosif.

Quel enfant n’a jamais rêvé être pirate aux Caraïbes ? Le narrateur de « L’éclair silencieux de Catatumbo », roman de Daniel Fohr, publié chez Robert Laffont, décide qu’il faut réaliser ce rêve avant trente ans. Il se retrouve professeur dans une école privée, à Maracaïbo, au Venezuela. Avec humour et autodérision, il décrit un homme perdu dans un univers hostile et dangereux, la ville de la drogue et du kidnapping. Il était venu soigner un chagrin d’amour, il souffre de la chaleur, de l’humidité ambiante. Ses rêves érotiques se transforment en hallucinations, entre forêt tropicale et industrie pétrolière. Avec un souci quasi exagéré du détail stylistique, l’auteur nous plonge dans un univers baroque à souhait.

John Katzenbach, l’auteur du thriller « Le Loup », publié aux Presses de la Cité, aurait pu intituler son livre « Le petit chaperon roux ». Trois femmes d’âge différent, mais rousses et vulnérables toutes les trois, sont menacées par un même courrier qui commence comme le célèbre conte : « un beau jour, le Petit Chaperon Rouge décida de porter un panier de galettes à sa mère-grand ». Karen est médecin et solitaire, Sarah, une veuve plongée dans l’alcool, Jordan est une lycéenne en difficulté scolaire. Le criminel observe sur elles les effets de ses menaces. Mais les femmes décident de s’unir, et trois chaperons roux, c’est peut-être beaucoup pour un seul loup.

Chez Flammarion, Emmanuelle de Boysson nous propose une bouffée d’optimisme avec « Le bonheur en prime ». Gaspard, majordome pendant trente ans auprès de monsieur Berlingault, hérite de la fortune de son maître. Il décide de se montrer aussi loufoque que lui. Pour réconcilier ses voisins de palier aux disputes incessantes, il les invite chez lui, dans l’ile de Ré, avec un jeu à la clé : s’ils parviennent à prouver qu’ils sont heureux en restant unis, ils hériteront à leur tour des biens de Gaspard. Mais ce dernier fera tout pour leur savonner la planche. Une version modernisée du pari de Pascal : qu’avons-nous à perdre à parier sur le bonheur ?

Une expérience, un récit, un livre ; c’est ainsi que l’on pourrait résumer « Bordel », de Sophie Bonnet, paru chez Belfond. L’auteur, grand reporter, réalise une plongée dans l’univers d’une maison close huppée, située en Suisse. Soixante-dix filles y travaillent ; elles ont vingt ans et sont issues des banlieues des grandes métropoles françaises. Elles travaillent quatre jours par semaines, incognito, puis regagnent leur famille. Elles gagnent 15.000 euros par mois, mais sont dans l’impossibilité de rapatrier cet argent en France. Une enquête très détaillée sur ces pays où la prostitution est un métier…. sombre.

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