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by • 25 avril 2024 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 26 avril 2024.72

Essor Sarladais du 26 avril 2024.

Apprendre à mourir.

Le Tour des Lettres.

  « La Vie Heureuse », le nouveau roman de David Foenkinos, paru chez Gallimard, est une aimable invitation  à suivre la méthode du maître de vie Montaigne : « philosopher, c’est apprendre à mourir ». Eric Kherson est le prototype du velléitaire complexé et apathique. Après de brillantes études, il végète dans un poste médiocre. Quand il a divorcé, il a laissé son fils entièrement sous le contrôle de son ex épouse. C’est un nostalgique qui rate sa vie en imaginant tout ce qu’il aurait pu être. Aussi est-il fort étonné quand Amélie, une ancienne camarade de lycée, ambitieuse directrice de cabinet du secrétaire d’état au commerce, le recrute comme adjoint. Un voyage professionnel en Corée du sud va bouleverser son existence. C’est un peu « lost in translation ». Alors qu’Amélie l’attend pour présenter un important dossier, il laisse tout tomber en découvrant une pratique locale : vivre sa mort et ses obsèques de son vivant pour, ensuite, savourer l’existence.  L’expérience le transforme : plus de complexe, d’indécision ; c’est une véritable initiation suivie d’une renaissance. Eric décide d’importer le concept en France. C’est un succès immédiat. Et si le secret du bonheur était cette petite pause expérimentale dans la mort simulée ?

Hugo Lindenberg avait su nous séduire avec son premier roman  « un jour ce sera vide (prix du Livre Inter). Trois ans plus tard, il publie chez Flammarion « « La Nuit Imaginaire ». Le narrateur, un étudiant sans attaches, plus enclin à rêver sa vie qu’à la vivre, semble avoir renoncé à tout depuis que sa mère est morte quand il avait six ans. « Je ne porte plus de montre » dit la première phrase du livre. Le temps s’est pour lui arrêté. Il prend la réalité en pleine figure lorsque sa tante lui apprend les circonstances de ce décès : après s’être empoisonnée, elle s’est couchée sur les rails pour être certaine de sa mort. Expulsé de son quotidien médiocre mais confortable, le jeune homme se lance dans une traversée de Paris, cherchant à comprendre ou tentant d‘oublier ce drame ancien. Ne devrait-il pas se jeter dans la vie, comme sa mère sous le train « pour la beauté du geste, la tête la première dans le grand bain » ? Une très belle écriture, charnelle, qui parle aux sens, des mots qui craquent sous la dent.

Prix Goncourt pour « Leurs enfants après eux », Nicolas Mathieu nous propose, toujours chez Actes Sud, « Le Ciel Ouvert »,  un livre étrange, illustré par Aline Zalko. Il s’agit d’un recueil de messages que l’auteur aurait envoyé, pendant l’épidémie de Covid,  sur le net « à une femme qui n’était pas libre ». Le style est superbe (rien à voir avec la médiocrité des mails habituels) et le ton poétique. Il y est question de l’Amour, de l’incommunicabilité,  et de la vanité des Lettres.

« La Nuit des pur-sang », le nouveau roman de Xavier de Moulins, publié chez Flammarion, baigne dans une ambiance étrange, animée par une belle écriture. Abîmé par la vie, Alexandre va-t-il trouvé son salut auprès des chevaux ? L’auteur nous entraine dans l’univers des pur-sang de course, où « le galop est une danse ».

                                                                              Jean-Luc  Aubarbier.

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