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by • 3 novembre 2016 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 4 novembre 2016.2183

ESSOR SARLADAIS du 4 novembre 2016.

 

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UN NOUVEAU GRAND AUTEUR CLASSIQUE.

Le Tour des Livres.

 

Un nouvel écrivain est venu subitement éclipser les auteurs de cette rentrée littéraire. Vingt ans après sa mort, François Mitterrand réussit à nous surprendre encore. Grâce à Anne Pingeot, qui fût la femme de sa vie, les éditions Gallimard publient « Lettres à Anne 1962 – 1995 », un des plus beaux recueils de lettres d’amour jamais édités. On savait l’homme grand admirateur de Chardonne, mais on ignorait son immense talent personnel qui fait pâlir les sentiments les plus flamboyants. « Je bénis, ma bien-aimée, ton visage où j’essaie de lire ce que sera ma vie. Je t’ai rencontré et j’ai tout de suite deviné que j’allais partir pour un grand voyage. Là où je vais, je sais au moins que tu seras toujours. Je bénis ce visage, ma lumière. Il n’y aura plus jamais de nuit absolue pour moi. La solitude de la mort sera moins solitude. Anne, mon amour. » Après plus de 1200 lettres, au crépuscule de son existence, toujours amoureux, il conclut : « Tu m’as toujours apporté plus. Tu as été ma chance de vie. Comment ne pas t’aimer davantage ? » Nul doute, s’il n’avait été président de la République, qu’il aurait pu embrasser une carrière d’écrivain. Peut-être l’aurait-il préférée.

Elle aussi aime Chardonne, peut-être parce qu’elle vit aux confins du Limousin, de la Charente et du Périgord. Corinne Javelaud avait vu son excellent roman « La Demoiselle du Mas du Roule » sélectionné pour représenter notre région lors du premier prix France Bleu en 2014. Il vient de sortir en poche chez City. Il raconte une saga familiale à travers le destin de Colombe, une jeune femme qui trouvera sa voie tout en acceptant son destin, dans une famille de notaires qui vit entre Périgord et Limousin.

Chez Robert Laffont, Jean Le Gall nous propose « Les Lois de l’apogée », un roman cinglant et drôle sur trente années de vie française. En 1988, Jérôme Vatrigan décroche le prix Goncourt pour son premier roman ; ce sera sa seule œuvre et il se consacre à l’édition tandis que son épouse, l’ambitieuse Greta, est une puissante conseillère du monde des affaires. Leur couple n’a très vite plus aucune existence, mais curieusement, ils restent ensemble, liés par des lois semblables à celles qui dirigent des planètes lointaines et pourtant dépendantes. Dans ce paysage de mensonge, les faussaires de toutes sortes peuvent nourrir les plus hautes ambitions.

Chez de Borée, Robert de Rosa, rédacteur en chef de la revue Point de Vue Initiatique, rejoint le club des auteurs de thrillers ésotériques avec « L’œil de la providence ». Au cours de son initiation dans une loge maçonnique, Joseph Raminovitch est empoisonné. Le décès bien réel a été substitué à la mort symbolique. Marcel Broust, le commissaire chargé de l’enquête, pense à un attentat antisémite, mais deux autres meurtres viennent allonger la liste. Il découvre que toutes les victimes ont habité la même rue à Paris, pendant la guerre. Les enquêteurs devront remonter le temps jusqu’à la rafle du Vel d’Hiv pour découvrir la vérité. Ce premier thriller auvergnat (il se passe à Clermont-Ferrand) est une réussite.

Prix Goncourt 2011, Alexis Jenni nous propose, chez l’Iconoclaste, « Dans l’attente de toi ». L’auteur écrit une lettre à la femme aimée. De cette dernière, on ne sait presque rien, simplement que son corps est émouvant sous la caresse. Le texte entier est consacré au plaisir du toucher, ce sens si difficile à décrire. L’auteur va emprunter aux peintres les mots, les sensations, les images dont il a besoin pour décrire ce corps et ce qu’il ressent, jusqu’à créer une langue originale pour achever son tableau. La douceur d’une peau, la rondeur d’un ventre, la plénitude des courbes apparaissent.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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