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by • 26 mai 2017 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 26 mai 20172004

ESSOR SARLADAIS du 26 mai 2017

 

LE HAVRE SOUS LES BOMBES.

Le Tour des Livres.

 

C’est un splendide roman choral que nous propose Valérie Tong Cuong avec « Par amour », publié chez Jean-Claude Lattès, la chronique d’une famille havraise, entre 1940 et 1944. « Tout comme mes grands-parents, ma mère parlait peu de la guerre. Ou bien seulement avec d’autres Havrais. Je devinais pourtant qu’ils avaient vécu l’enfer. Un jour, j’ai saisi les raisons de ce silence. La ville n’avait pas seulement été occupée par les Allemands. Nos propres alliés, les Anglais, l’avaient bombardée sans relâche, puis détruite, assassinant nombre de ses habitants. Ce n’était pas une chose à dire. » Voici l’histoire extraordinaire de gens ordinaires. Après la défaite de 1940, Joffre et son épouse, Emilie doivent accepter d’héberger chez eux des Allemands. Joffre feint la soumission pour mieux rejoindre la résistance, au grand dam de son épouse tenue dans l’ignorance. Jean et Lucie, leurs enfants, vont grandir sous les bombes. Muguette, l’insouciante sœur d’Emilie, souffre de tuberculose (et d’un autre secret bien plus douloureux). Tandis que son mari est prisonnier, elle doit envoyer ses deux enfants à l’abri, en Algérie. Les évènements vont bientôt dresser entre eux une frontière infranchissable. Chacun des personnages expriment à tour de rôle ses espoirs, ses joies et ses angoisses. Un roman qualifié pour le prix France Bleu.

Il est encore question de bombardements, mais vu du ciel cette fois, dans le beau roman de Kate Atkinson « L’homme est un dieu en ruine », paru chez le même éditeur. « Un roman sur la guerre et ses conséquences sur les générations qui ne l’ont pas vécue ». Teddy a vingt ans en 1940, lorsqu’il s’engage dans la R.A.F. Il pilote des bombardiers lourds Halifax au dessus de l’Allemagne. La guerre, les amis qui meurent, le hasard de la survie qui donne un sentiment de culpabilité, il connait tout cela. En 1947, il épouse Nancy, une amie d’enfance. Sa fille, Viola, devient une hippie désabusée qui vit de squats en communautés sans rien faire de son existence. Teddy, déboussolé de ne plus pouvoir voler, devient enseignant et écrivain. Il ne comprend rien aux questionnements de sa fille ; elle ne peut rien savoir de ce qu’il a vécu et se moque de lui quand il refuse d’acheter des produits allemands. Un grand roman.

Edité chez Sabine Wiespieser, « La fille de l’air », de Fiona Kidman est également un roman d’aviation. Elle raconte l’histoire vraie de Jean Batten, une célèbre aviatrice néo-zélandaise des années 30, surnommée « la Garbo des airs ». A bord d’un Gipsy Moth, un petit biplan de tourisme, elle rallia l’Angleterre à l’Australie en quatorze jours. Que sa passa-t-il dans sa vie pour qu’elle cesse définitivement de voler en 1939, pour mourir solitaire en 1982 ? Les doutes, la difficulté d’être une femme dans cet univers d’hommes, encore accentuée par la guerre, des déboires sentimentaux, des accidents douloureux, finiront par avoir raison de l’enthousiasme de cette héroïne aussi belle que courageuse.

Antonin Varenne vit en Limousin, mais écrit des romans à l’américaine. Après « Trois-mille chevaux-vapeur », il publie, toujours chez Albin Michel « Equateur ». Voleur et incendiaire dans le Nebraska, déserteur de l’armée, meurtrier dans le Nevada, Pete Ferguson est un homme en fuite. D’errance en errance, il met le cap sur l’équateur, là où le monde se met à tourner à l’envers. Il espère secrètement que la vie va, pour lui, tourner elle-aussi dans un autre sens. Trouvera-t-il, après sa traversée du continent américain, la terre promise qui changera son destin ?

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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