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by • 31 mai 2018 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 1 juin 2018.1601

ESSOR SARLADAIS du 1 juin 2018.

 

 

 

BON VOYAGE, madame et monsieur JOLIOT-CURIE.

Le Tour des Livres.

 

Pour son second roman paru au Rouergue, le Périgourdin Hervé Brunaux nous emmène dans un périple en période troublée. « Au plus cher de nos vies » raconte un épisode peu connu de la seconde guerre mondiale en Périgord. Au plus fort de la débâcle, un groupe de scientifiques français, menés par un couple impétueux, prix Nobel de chimie : Frédéric et Irène Joliot-Curie, s’efforcent de faire passer à Londres le fruit de leurs recherches en matière de fission nucléaire : un stock d’eau lourde dissimulé dans des bidons. Irène et Frédéric font escale à l’hôpital de Clairvivre, dans le nord du département. Irène, qui n’est autre que la fille de Marie Curie, malade, va s’y soigner plusieurs semaines, pendant que Frédéric fait embarquer son matériel et son équipe à Bordeaux. 33 scientifiques français partent pour l’Angleterre sous les bombes des Stukas. Frédéric choisit de rester en France pour s’engager, avec Irène, dans la Résistance. Reste-t-il une trace des Joliot-Curie à Clairvivre ? Peut-être Irène y a-t-elle oublié le gramme de radium de sa mère, dont elle ne se séparait jamais, et qui brille encore, quelque part, dans la nuit périgourdine. Le cinéma a rendu hommage à cette histoire : en 1948, Jean Dréville tourne « La Bataille de l’eau lourde », puis en 1965, Anthony Mann offre le rôle principal des « Héros du Télémark » à Kirk Douglas. Mais c’est Jean-Paul Rappeneau, en 2003, dans « Bon voyage » qui offre à Virginie Ledoyen, escortée par Grégori Derangère, la protection du chargement d’eau lourde vers la pointe du Verdon d’où il partira pour Londres.

Si l’ascendance polonaise d’Irène Joliot-Curie l’a portée vers les combats pour la liberté, le cinéaste Andrzej Zulawski va fuir cette même Pologne pour conquérir sa propre liberté, loin du régime communiste. Le roman « Trois verres de vodka » de Dominique Schneidre, paru chez Jean-Claude Lattès, nous raconte son arrivée à Paris et son installation dans l’appartement d’un jeune couple. Cécile, psy, se rêve romancière ; Tom est un étudiant américain rédigeant des scénarios. Ils vont subir le charme sulfureux, le comportement envahissant, sans -gêne et les opinions outrancières du cinéaste. Dans ses années 70, l’Occident voit le charme de l’Union Soviétique se dissiper sérieusement. Zulawski montre à ses hôtes encore plein d’illusions, que l’Histoire les a gâtés.

Scénariste, Claire Barré se met elle-même en scène dans son roman « Pourquoi je n’ai pas écrit de film sur Sitting Bull », paru chez Robert Laffont. Un jour, elle a la vision du célèbre chef sioux apparaissant dans la cuisine de son appartement parisien. Peut-être lui lance-t-il le célèbre cri des colons blancs américains : pars vers l’ouest. Sa quête n’est pas celle des terres vierges, mais de la spiritualité indienne. Elle s’initie au chamanisme auprès d’une Russe, puis gagne le Dakota du sud, au-delà de Rapid City, pour rencontrer Ernie LaPointe, arrière-petit-fils du grand Sitting Bull. Une quête spirituelle non dénuée d’humour qui est aussi une plongée dans la création littéraire.

Chez Calmann-Lévy, Antonin Malroux nous emmène dans le Cantal, en 1918, avec « Le pain de paille ». Depuis la mort du père à la guerre de 14, la famille Troussal a bien du mal à faire vivre le domaine où s’entasse Valentine, son frère, sa mère et sa grand-mère. Aussi tout le monde est il soulagé lorsque le châtelain propose à la jeune femme de venir travailler comme cuisinière au château. Mais les intentions du jeune homme sont équivoques ; la vertu de Valentine est en danger. Elle va devoir trancher un terrible dilemme.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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