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by • 13 janvier 2014 • Mes chroniques littérairesComments (0)2485

Essor sarladais du 29 11 2013

CINQ JOURS POUR CHANGER UNE VIE.

Le Tour des Livres.

 

Faire un bilan, changer de vie, oser vaincre l’ennui et la médiocrité qui s’installent dans le couple, tels sont les thèmes du roman de Douglas Kennedy, « Cinq jours », publié chez Belfond. Laura, technicienne en radiologie, quadragénaire, est affectée, un peu plus chaque jour, par les maladies de ses patients. Elle porte à bout de bras toute sa famille : Dan, son mari chômeur, Ben, leur fils dépressif, Sally, leur fille, lycéenne superficielle. Elle constate qu’à aucun moment, elle n’a réellement choisi sa vie. Au hasard d’une réunion professionnelle à Boston, elle rencontre Richard ; l’attirance est immédiate. Elle passe du bavardage à la sympathie, puis aux confidences. Elle croit retrouver la passion qu’elle a éprouvée autrefois pour Eric, son premier amour, mort dans un accident. Richard est comme elle ; il se rêvait écrivain, il vend des assurances. Un romantisme exacerbé les pousse l’un vers l’autre. Ce coup de foudre provoque la rupture ; des projets communs naissent. Mais Richard recule devant cette nouvelle vie qui s’ouvre devant eux. Peu importe, Laura part …. Seule.

Chez NIL, Pia Petersen publie « Instinct primaire », sur un thème un peu identique. Un mariage malheureux est-il obligatoirement l’aboutissement d’un grand amour ? Le livre tente de poser l’amitié durable à l’intérieur de l’amour, grâce à la sincérité et à la complicité, et s’interroge sur la place des hommes et des femmes, sur la décadence de l’homme dans son rapport avec l’autre sexe.

Marie-Claude Gay publie un de ses romans dont elle a le secret,  où la famille et le terroir se mêlent intimement, avec « Le secret des Solignac », chez de Borée. Au plus profond de l’Auvergne, sur les bords du lac Pavin, Louis vit en solitaire. Dans ce pays de sorciers, il a hérité du don de son grand-père. Mais au lieu d’invoquer les forces occultes, il est le « leveur de maux », celui qui apaise et qui soigne. Ce désespéré qui n’attend plus rien de la vie va pourtant la voir lui sourire quand sa route croise celle de Marie, une jeune paysanne issue d’une famille façonnée dans la rudesse et l’âpreté. Un beau roman sur l’appel de la nature.

Aux Monédières, Régine Laprade nous propose « Le bois de mon père », une réflexion sur la difficile époque de l’Occupation. Au soir de sa vie, Hélène entraine sa nièce, dans les méandres de sa mémoire. La défaite, la collaboration, la Résistance, l’épuration : que de moments éprouvants, où la raison se perd, entre idéal, peur, intérêts et naïveté. Qui sont les ‘méchants’ de cette triste époque, et qui sont les ‘bons’ ? Il est nécessaire, parfois, de se souvenir que mémoire, vérité et paix ne font qu’un.

Chez le même éditeur, l’historien Guy Perlier publie « Camille Senon, survivante du tramway d’Oradour-sur-Glane ». Camille Senon est une survivante qui a échappé à l’horreur d’Oradour, et un des derniers témoins du crime nazi. Toute sa famille a péri dans le massacre. Témoin d’une chose qui ne pourra jamais s’effacer de sa mémoire, elle a choisi de consacrer sa vie aux autres, de militer pour la justice et la paix, et de témoigner, inlassablement, des horreurs de la guerre.

Il est aussi militant de la paix et témoin d’une autre guerre, d’une autre horreur en préparation. Boualem Sansal vit en Algérie où ses livres sont interdits. Il publie, chez Gallimard, « Gouverner au nom d’Allah ». Sous-titré « Islamisation et soif de pouvoir dans le monde arabe », son livre est un témoignage de la réislamisation des pays d’Afrique du nord, autrefois marqués par une certaine liberté (au moins en matière religieuse). Ces premiers ‘barbus’ ont été moqués par une société qui croyait encore au progrès. Pourquoi les « printemps arabes » finissent-ils tous en « automnes islamistes » ? Faut il y voir l’impossible divorce entre islam et politique, et donc l’impossible mariage entre islam et démocratie ? Pourquoi l’intégration des musulmans échouent-elle dans les démocraties européennes qui n’ont plus de langages appropriés pour parler à des croyants inconditionnels ? Un ouvrage sans concession sur le phénomène islamiste, par un auteur qui n’oublie à aucun moment ses convictions humanistes.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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