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by • 5 mars 2016 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 4 mars 2016.2254

ESSOR SARLADAIS du 4 mars 2016.

 

 

couv un instant de grace

INSTANT DE GRÂCE.

Le Tour des Livres.

 

Qui n’a pas été amoureux d’Audrey Hepburn, cette princesse aussi fragile que distinguée ? Dans « Un instant de grâce », paru chez Flammarion, Clémence Boulouque nous fait partager une journée particulière de la vie de l’actrice. En 1964, à Dublin, son époux, Mel Ferrer, organise les retrouvailles d’Audrey et de son père qu’elle n’a pas vu depuis trente ans. Pourquoi une si longue absence ? Charmeur velléitaire, aventurier aspirant à la noblesse, il a abandonné épouse et fille quand il a compris qu’il ne serait jamais que le prince consort d’une riche famille hollandaise d’Indonésie. La mère, rendant son enfant responsable de son malheur, place la petite Audrey en pension alors qu’elle n’a que cinq ans. La princesse a eu une enfance malheureuse. Elle connait ensuite une adolescence dangereuse au Pays-Bas sous la férule nazie. Résistante, elle considèrera toujours Anne Franck comme son double et refusera pour cela de l’incarner à l’écran. Pendant ce temps, son père est incarcéré en Grande Bretagne pour ses sympathies nazies. Celle qui se rêvait danseuse connaitra des débuts difficiles comme actrice… à cause de son accent (prémonition à son rôle dans « My fair lady ». Ce rendez-vous de Dublin, elle l’a accepté pour solde de tout compte.

Un projet architectural peut être une aventure romanesque. Laurence Cossé nous en a convaincu avec « La Grande Arche » paru chez Gallimard. Il est une tradition universelle : celle de sacrifier un être humain dans les fondations d’un bâtiment prestigieux. Pour le projet de la Grande Arche de la défense, c’est son architecte qui en a été la victime. C’est un quasi inconnu, le Danois Johan Otto von Sperckelsen qui remporte le concours international…. de part la volonté de François Mitterand qui voulait laisser son nom à un chef d’œuvre. Speck, comme on l’appelle, est un poète humaniste, une sorte de hippie luthérien. Son « cube » comme il le nomme, est une idée géniale, mais il n’a jamais rien réalisé de grand (quelques églises au Danemark). Et son caractère nordique, organisé et méthodique, va se heurter à la pagaille française. Après bien des déboires, il démissionnera, refusant même que son nom soit jamais associé à la Grande Arche. Il mourra peu de temps après.

Chez XO, Max Gallo nous propose un portrait inattendu du « père de l’Europe » avec « Moi, Charlemagne, empereur chrétien ». Le maitre du roman historique imagine un dialogue entre l’empereur à la barbe fleurie, à l’heure de sa mort, et un jeune lettré, Eginhard. A travers les souvenirs, les actes de roi, les choix audacieux, apparait la figure à la fois autoritaire et délicate d’un souverain qui s’est consacré à l’art et aux conquêtes, tout en tentant de réformer les esprits de son temps. Ce premier grand Européen a assis son pouvoir sur l’Eglise catholique, tout en sachant prendre ses distances avec elle.

Chez Calmann Lévy, Florence Roche nous emmène dans l’Auvergne de l’entre-deux-guerres avec « L’Ecole du Lac ». Jeune instituteur en Haute-Loire, Garance tombe sous le charme d’Eva, la mère de son meilleur élève. Célèbre créatrice de mode, elle s’est retirée en province suite à la mort de son frère dont elle se sent responsable. Lorsqu’elle confie à l’enseignant que son frère décédé vient lui rendre visite la nuit, ce dernier se demande s’il ne faut pas retirer Antoine à la garde de sa mère, dans l’intérêt de l’enfant.  Une infernale machination va se mettre en place.

Chez Albin Michel, la critique littéraire Pauline-Gaïa Laburte consacre son premier roman « Ritzy » au mythique hôtel de la place Vendôme, à Paris. C’est l’histoire vraie d’un jeune berger suisse, César Ritz, qui rêve d’une gloire parisienne. Monomaniaque et travailleur infatigable, peu à peu, il se construit un empire dans l’hôtellerie, mais les angoisses de ce visionnaire finiront par l’entrainer dans la folie. Il en reste un hôtel, qui, selon Hemingway, se rapproche de ce que pourrait être le paradis. L’auteur a su à merveille rendre à la fois le merveilleux et le tragique de l’histoire.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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