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by • 30 juillet 2020 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 31 juillet 2020.1372

Essor Sarladais du 31 juillet 2020.

Isabelle de cinq à sept.

Le Tour des Livres.

    Joli roman de l’été que nous livre Douglas Kennedy avec « Isabelle, l’après-midi », paru chez Belfond. Le narrateur, Sam, est un étudiant américain romantique, isolé à Paris à la fin des années 70. Pour lui, « toute vie est un roman ». Dans cette ville de carte-postale, il rencontre Isabelle, une traductrice, plus âgée que lui. Une folle passion charnelle va naître entre eux. Mais la jolie rousse aux yeux verts a posé ses conditions : ils ne peuvent se voir que l’après-midi, dans le petit studio qu’elle loue. Sam est convaincu d’avoir trouvé l’amour de sa vie, celui que l’on éprouve une seule fois. Mais Isabelle ne quittera jamais Charles, son vieux mari, et donnera toujours la première place à sa fille, fragile et dépressive. Sam va regagner l’Amérique, connaitre d’autres femmes, de la violente Siobhan à l’inconstante Phoebe. Il finira même par épouser Rebecca, croyant avoir oublié son amour d’adolescence. Mais son sentiment se révèle plus fort que tout ; à chaque occasion, chaque voyage, il renoue avec Isabelle qui l’accepte, aux mêmes conditions. Un roman qui tente de faire le tour de ce mystère amoureux, plein d’élan vers l’avenir tout en étant enchaîné au passé. Qui peut prétendre connaître véritablement une autre personne ?

L’Américaine Mary Gaitskill entreprend, une nouvelle fois, de décrire ce nouveau rapport conflictuel entre hommes et femmes, avec « Faites-moi plaisir » paru aux éditions de l’Olivier. Quin est licencié, avec pertes et fracas, de la maison d’édition où il occupait une place prépondérante. Plusieurs femmes l’accusent de « conduite inappropriée ». Il ne comprend pas ce qu’on lui reproche : il n’a jamais commis la moindre brutalité. Margot, sa meilleure amie, l’aide à analyser la situation. Il est atypique, désinvolte. Il s’intéresse souvent à la vie personnelle de ses collaboratrices. Sa sympathie passe pour condescendante, son intérêt, pour du harcèlement. Sans parler des petits gestes affectueux, de son humour à deux balles, de cette complicité qu’il aime établir avec les gens. Un bien grand criminel, en effet !

C’est un roman fort que nous propose le Toulousain Guillaume Sire, avec « Avant la longue flamme rouge », publié chez Calmann-Lévy. En 1971, au Cambodge, le petit Saravouth, âgé de onze ans, s’est inventé un « Royaume intérieur ». Il vit heureux avec sa sœur Dara, et ses parents, des gens aisés. Son père travaille à la chambre d’agriculture, sa mère enseigne le français. Mais nous sommes en 1971 et l’horreur s’abat sur Phnom Penh avec l’arrivée des Khmers Rouges. C’est la fuite pour la vie. Saravouth est séparé des siens. Il se retrouve isolé, dans la forêt. Il doit survivre en plein chaos, animé par une seule idée : retrouver sa famille. D’après une histoire vraie.

Que sont devenues les héroïnes russes, Anna Karénine ou la jolie Natacha de « Guerre et Paix » ? Dans son roman « Devouchki », paru chez Belfond, Victor Remizov nous raconte l’itinéraire de Katia et Nastia, deux cousines qui vivent à Beloretchensk, au cœur de la Sibérie. Elles ont vingt ans et le désespoir pour horizon. Leurs famille manquent d’argent, sombrent dans l’alcoolisme. Les deux jeunes filles romantiques finissent par fuir la misère et gagnent Moscou. Mais la capitale ne se prête guère aux espérances des Rastignac en jupons. D’un coté, le luxe et la richesse qui n’est pas pour elles, de l’autre, une misère et une violence à peine imaginable. Elles vont devoir abaisser leur prétention au bonheur, et garder la tête froide pour ne pas commettre l’irréparable.

                                                                               Jean-Luc  Aubarbier.  

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