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by • 30 septembre 2022 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 30 septembre 2022.467

Essor Sarladais du 30 septembre 2022.

Ecrivains solitaires.

Le Tour des Livres.

   Avec « L’Homme peuplé », publié chez Albin Michel, Franck Bouysse nous livre un des meilleurs romans de cette rentrée littéraire. Avec un style poétique, qui nous emmène aux frontières du fantastique, il raconte l’arrivée, dans un hameau dépeuplé, de Harry, un romancier venu de la ville, chercher dans cet endroit désolé et enneigé (on devine la haute Corrèze) un peu d’inspiration. A part un chien perdu, il n’y a personne d’autre, si ce n’est l’ombre de Caleb, le dernier habitant, un peu sourcier, un peu sorcier et guérisseur. Caleb a reçu ses dons de sa mère, qui lui a interdit de se marier. C’est comme un mauvais sort qui est tombé sur le hameau. Le drame couve … à moins qu’il ne soit déjà passé. Car Franck Bouysse est passé maître dans l’art de la mise en abîme. Confronté aux bruits et aux images de la campagne en hiver, le citadin est souvent pris de panique … à moins qu’il n’ait de bonnes raisons pour cela. C’est vrai qu’un voisin invisible et un lieu ‘habité’ ne sont pas faits pour rassurer. Caleb et Harry, les deux solitaires, se croisent sans se voir, dans un pays qu’il faut rêver pour mieux l’appréhender.

Huis-clos familial avec écrivain, tel est le thème du roman d’Olivier Adam, « Dessous les roses », paru chez Flammarion. A l’occasion du décès de leur père, les trois enfants se retrouvent auprès de leur mère. Tous à leur manière ont voulu fuir la petite vie étriquée dans laquelle ils avaient été élevés. Claire, l’aînée trop sage, a reproduit les erreurs des parents. Antoine, le petit dernier, malgré sa réussite dans les affaires, souffre d’un complexe d’infériorité. Quant à Paul, « trop intense », « incapable d’être un peu normal », il s’est fait un nom dans le théâtre et le cinéma (le roman est structuré en scènes et actes) en mettant en scène les travers familiaux, déclenchant l’ire du père et de la fratrie. Jusqu’où peut-on aller dans le pillage de ses proches ? Le père a rejeté cet enfant artiste et homosexuel. Mais dans une famille de taiseux, bien des secrets peuvent être révélés. L’enterrement du père n’est-il pas le moment idéal pour tout se dire ?

Avec « Petite sœur », paru chez Gallimard, Marie Nimier explore à fond les relations frère-sœur. A l’occasion de la mort tragique de Mika, son frère adoré, Alice décide de se retirer pour écrire. Elle accepte de garder la maison d’un inconnu, avec Virgile, le chat invisible, et Vanessa, la plante carnivore, pour rédiger un roman sur Mika. Ils étaient comme deux jumeaux, bien qu’elle soit l’ainée. Mika était en avance sur tout, et elle en retard. Elle a toujours eu l’impression de dépendre de lui. Pourtant, ils étaient brouillés depuis six ans. Pourquoi ?  Un roman écrit en partie à Saint-Léon-sur-Vézère, dans le cadre du salon Les Plumes de Léon.

Avec « Comme dans un roman d’été », paru chez Belfond, l’Américaine Emily Henry réussit une comédie dans le difficile domaine de la compétition littéraire. Augustus Everett est un écrivain « sérieux », le nouveau génie des lettres américaines. January Andrews se complet dans l’univers des romances qui finissent bien, cette littérature populaire (feel good books et chick lit) que méprisent habituellement les élites. Ils vont se lancer un défi : chacun va tenter d’écrire dans le domaine de l’autre. Avec à la clé une question à 1000 euros : vont-ils tomber amoureux ?

                                                                          Jean-Luc  Aubarbier.

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