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by • 26 août 2016 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 26 août 20162231

ESSOR SARLADAIS du 26 août 2016

couv repose-toi sur moi

 

 

LE MEILLEUR DE SERGE JONCOUR.

Le Tour des Livres.

 

Première bonne surprise de cette rentrée littéraire, l’excellent roman de Serge Joncour, publié chez Flammarion « Repose-toi sur moi ». Aurore et Ludovic sont voisins et ne sont séparés que par un arbre, un grand arbre dans la cour de leur immeuble où sont venus nicher deux corbeaux agressifs. En réalité tout les sépare. Aurore est une bourgeoise parisienne, styliste reconnue, en couple avec un geek américain. Ludovic est un paysan du Lot, un homme de la nature, chassé de chez lui par la crise agricole et recyclé dans le recouvrement de dettes. Il faut dire que sa stature de rugbyman en impose. Stressée par son travail, par son associé qui essaie de lui ravir son entreprise, Aurore ne supporte plus les volatiles bruyants. Pour lui rendre service, Ludovic les abat au fusil. Une tendresse rassurante, un amour improbable s’installent entre eux. Elle a besoin de cet homme fort que rien ne rebute ; rien, même l’usage de la force pour la sortir de son impasse professionnelle. Mais la violence supportée par l’amour est un chemin périlleux.

Chez Héloïse d’Ormesson, Maëlle Guillaud a choisi le difficile sujet de la vocation religieuse (bien difficile à comprendre, et qu’il ne faut pas confondre avec le fanatisme) avec « Lucie ou la vocation ». Rien ne semble différencier Lucie, étudiante en prépa littéraire, de ses camarades de promotion. Elle aussi est amoureuse, mais son fiancé est bien le plus étrange que l’on puisse imaginer : elle a décidé de se donner à Dieu, d’être la fiancée du Christ. Comment peut-on savoir qu’une vocation est réelle ? Qu’il ne s’agit pas d’une fuite devant les cruautés de la société ? D’une manipulation voulue par quelqu’un d’autre ? Le monde extérieur est dur, plein d’incompréhensions, et celle de ses proches lui est d’autant plus douloureuse. Mais l’univers du cloître l’est tout autant : les humiliations, les déceptions ne manquent pas. Vivre l’idéal demande des sacrifices, c’est un questionnement très actuel.

C’est un roman fleuve, un univers foisonnant que nous propose Karine Tuil avec « L’insouciance » paru chez Gallimard. De retour d’Afghanistan, où il a vécu de rudes épreuves, le lieutenant Romain Roller a une liaison avec une jeune journaliste, Marion Decker, l’épouse d’un puissant chef d’entreprise, François Vély, fils d’un ministre ancien résistant. Bientôt, François est pris dans la tourmente du ‘politiquement correct’ et se voit accuser de racisme. Un ami de Romain, Osman Diboula, immigré ivoirien et figure montante de la politique, prend sa défense. Une réaction en chaine se met en place, faite de rumeurs et de violences.

Chez Robert Laffont, Arnaud Le Guilcher publie « Capitaine frites », un roman qui oscille entre le burlesque et le sensible. Pour sortir d’un divorce difficile, Arthur quitte Paris pour Yabaranga, la capitale d’un pays africain (imaginaire). Décalé par rapport à la population, la culture, il va se retrouver empêtré dans des aventures aussi improbables que poétiques, au beau milieu d’un univers baroque. L’arrivée de Morgane, son ex-femme, ne va pas arranger les choses.

C’est un essai qui se lit comme un roman : chez de Fallois, Charles Zorgbibe nous propose « L’intrépide chevauchée de Benjamin Disraeli ». « Quand je veux lire un roman, j’en écris un » disais cet homme politique flamboyant qui se voyait plutôt en nouveau Shakespeare. Petit-fils d’immigré italien, sans titre de noblesse et Juif de surcroit, sans diplôme ni fortune, Benjamin Disraeli décide à trente ans qu’il sera premier ministre. Idée folle ! En mêlant adroitement une volonté de fer et une énergie créatrice et imaginative, il parvient à ses fins en prenant la tête du parti monarchiste. Il sera un des grands hommes du XIXe siècle (celui de la grandeur de la Grande-Bretagne), élaborera des lois sociales, mènera une diplomatie audacieuse et présidera au couronnement de l’impératrice Victoria.

 

JEAN-LUC  AUBARBIER.

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