Né d’aucune femme.
Le Tour des livres.
Drame rural, fresque humaniste et poétique, tragédie à la Giono, on ne manque pas de qualificatif pour célébrer le très beau roman du limousin Franck Bouysse, paru à la Manufacture des Livres. « Né d’aucune femme » trouve son titre dans le Macbeth de Shakespeare. Ce roman polyphonique nous raconte l’histoire de Rose, qui fut vendue par son père Onésime à un riche maître de forge. Il espérait ainsi apporter un peu de bien-être à la misère familiale. Peut-être croyait-il que sa fille serait mieux dans ce rôle de servante. Mais le maître de forge est un monstre, presqu’un ogre de conte de fées. Rose est pour lui un objet sexuel et, surtout, celle qui doit lui donner l’héritier que sa femme ne peut engendrer. Il n’hésite pas à assassiner Onésime qui, pris de remords, est venu réclamer sa fille et rendre l’argent. Rose, qui a tout juste 15 ans, ne sait vers qui se tourner pour obtenir du secours, car toute la famille du fermier se ligue contre elle. Se sachant condamnée à disparaitre, elle écrit son histoire, au jour le jour.
Chez Plon, le politologue Olivier Duhamel nous livre un premier roman très personnel « Colette et Jacques ». Il s’agit en fait, à peine romancée, de l’histoire de son père Jacques Duhamel, qui fut résistant, député et ministre. En dehors de sa vie de famille, il a passionnément aimé Colette, une femme libre, une femme de Lettres qui dirigea les éditions de La Table Ronde avant de travailler aux côtés de Claude Gallimard. On découvre le très sérieux Jacques Duhamel sous les traits d’un homme amoureux.
Les éditions de La Table Ronde, justement, ont décidé de publier le « Journal secret » de Curzio Malaparte. Le sulfureux et flamboyant journaliste italien, tour à tour soutient de Mussolini et esprit libre, l’a rédigé entre 1941 et 1944. La première partie l’entraine en Finlande et en Laponie, où il observe hommes et nature d’un esprit acéré. Puis il est à Capri où il entreprend l’écriture de « Kaputt », son chef d’œuvre, sur la défaite allemande en Russie. Un outil indispensable pour comprendre la démarche de l’écrivain.
Avec « La Fille des Templiers », publié chez XO, Mireille Calmel nous livre le deuxième tome de sa nouvelle épopée. La malédiction des templiers, brûlés par Philippe le Bel, est entre les mains d’une femme, Flore Dupin. Charles IV, le fils du roi de Fer, la fait traquer de Paris à Londres pour s’emparer de son secret. Si elle est à Londres, c’est pour accomplir la dernière partie de la vengeance des moines rouges : remettre le baume sacré, porteur de tous les pouvoirs, au roi d’Angleterre qui pourrait, dès lors, revendiquer le trône de France.
Jean-Luc Aubarbier.
Salon du roman historique de Levallois, 31 mars 2019 Article suivant
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