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by • 23 août 2015 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur ESSOR SARLADAIS du 20 août 2015.2267

ESSOR SARLADAIS du 20 août 2015.

couv six fourmis blanches

SIX FOURMIS BLANCHES.

Le Tour des Livres.

 

Etrange, déroutant, envoûtant, on pourrait utiliser bien des qualificatifs pour décrire l’excellent roman de Sandrine Collette, « Six fourmis blanches » publié chez Denoël. C’est un thriller atypique, un roman fantastique où tout est réel, un roman de montagne, avec ses crevasses et ses avalanches, où la montagne elle-même devient un personnage. « La grande peur dans la montagne » de Ramuz s’en rapprocherait étonnamment. Deux narrateurs donnent une dimension polyphonique à ce roman. Lou fait partie d’un groupe de six Français partis faire une randonnée dans les montagnes albanaises, sous la direction de Vigan, leur guide taciturne. Mathias est un ‘sacrificateur’, qui précipite des chèvres du haut des sommets pour conjurer le mauvais sort. Car il est évident que le mal rode depuis toujours dans ces montagnes maudites. Mathias doit prendre pour apprenti le fils d’un mafieux local, un garçon pervers. Bientôt, les randonneurs vont commencer à mourir.

Le prix du livre Inter 2015 a couronné le très beau roman de Valérie Zenatti « Jacob, Jacob » publié chez l’Olivier. Jacob, jeune juif de Constantine, est enrôlé dans l’armée française en 1944. Ce pays qu’il ne connait que par l’école, comme un rêve, il va le découvrir à travers le visage de la guerre : débarquement en Provence, Lyon, les Vosges. Sa famille pauvre n’est jamais sortie de sa ville, à peine de son quartier. Sa mère, sans nouvelles, part à sa recherche à travers un univers inconnu. Elle a donné à Jacob le prénom d’un premier enfant mort ; elle craint que ça ne lui porte malheur. Ce roman simple et beau est comme un long poème bien rythmé, un hymne aux gens simples, à cette triple culture, juive, musulmane et chrétienne qui n’existait qu’en Algérie.

Portrait intime de l’adolescence, drame psychologique aux accents de roman policier, c’est ainsi que l’on pourrait décrire « Les corps inutiles » de Delphine Bertholon, publié chez Jean-Claude Lattès. A quinze ans, Clémence se rend à la fête du village avec ses amis. Mais elle va faire une mauvaise rencontre et sa vie va basculer en quelques minutes. Quinze années plus tard, elle est devenue une femme solitaire et sauvage qui travaille dans une usine de poupées grandeurs nature pour les hommes esseulés. L’idée de vengeance continue d’entretenir ses blessures secrètes.

Envoûtant, le roman nordique de Xavier Jaillard publié chez Sermeo. « Vers l’ouest » nous emmène dans les Orcades, prés de Scapa Flow. David Berg, comédien parisien, y a hérité d’une maison. Il tombe amoureux de ce lieu sauvage. Mais l’insolite comportement des autochtones cache un mystère. Pourquoi le dénommé Djydek a-t-il quitté le Brésil pour venir mourir dans le froid ? Deux histoires vont s’entremêler pour nous conduire au dénouement.

Restons dans le nord pour découvrir « L’effet papillon » du Danois Jussi Adler Olsen chez Albin Michel. Le jeune Marco a passé toute son adolescence au sein du réseau mafieux que dirige son oncle Zola. Tandis qu’il tente de gagner sa liberté, il découvre un cadavre putréfié qui végète depuis trois ans. S’agit-il de cet officier de renseignement porté disparu et que recherche le département V chargé des cold case ? Le suspens conduit le lecteur des rues de Copenhague jusqu’en Afrique.

Avec « En eaux profondes », paru chez Belfond, Elisabeth Elo nous propose un thriller écologique, une dangereuse plongée dans les eaux glacées de l’Atlantique nord, à la découverte des terrifiants trafics qui s’y jouent. La jeune Pirio s’est donnée pour mission de faire la lumière sur l’étrange naufrage qui a couté la vie à son ami Ned. Aidée d’un ex fiancé au passé trouble et d’un journaliste aux méthodes expéditives, elle enquête, des docks de Boston jusqu’à un archipel du Grand Nord canadien, pour révéler les méthodes criminelles de certains pécheurs.

A découvrir chez Fayard, « La question musulmane en France » de Bernard Godard. L’auteur y met au jour les courants idéologiques (salafistes, frères musulmans, etc) et les influences étrangères (turque et marocaine) qui empêchent l’émergence d’un véritable islam à la française, démocratique et intégré.

 

JEAN-LUC AUBARBIER.

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