MENU

by • 17 octobre 2019 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 18 octobre 2019.1332

Essor Sarladais du 18 octobre 2019.

TERRITOIRES.

Le Tour des Livres.

   C’est au cœur de son Ariège que Georges-Patrick Gleize situe l’intrigue de son roman « Le Crépuscule des Justes », paru chez Calmann-Lévy. Né au début des années Soixante, Roger Darmon retourne dans les Pyrénées pour découvrir le secret de ses origines, lui qui n’a pas connu son père. Encore enfant, François Darmon a été conduit à Sainte-Colombe par son oncle Samuel, afin d’échapper aux rafles que les Nazis menaient contre les Juifs. Samuel devient régisseur de Léon Ducos (un antisémite notoire). Il est arrêté et le petit François sera caché et élevé par l’instituteur du village. Après la guerre, il va faire sa vie dans la région, à Toulouse où il étudie la pharmacie et se marie. A la naissance de son fils Roger, il noue une liaison torride avec Agnès, la femme de son patron. Découverts, les amants s’enfuient et disparaissent. On ne retrouve que leur voiture carbonisée. Ont-ils été assassinés par le mari jaloux ? Ou bien les vieilles querelles du temps de la guerre font-elles encore des victimes ? Après une enquête minutieuse, Roger Darmon renoue les fils de son histoire familiale, quitte à réveiller les fantômes du passé.

C’est encore à l’époque de la guerre, mais dans les Vosges que Gille Laporte place son roman « La fiancée anglaise », paru aux Presses de la Cité. Lorsque Robert Forrester quitte son Angleterre natale pour se rendre à Châtel-sur-Moselle, il se lance en fait sur les traces de l’homme qui l’a élevé pendant le conflit mondial. Son véritable père, pilote de chasse, a été abattu ; sa mère, Allyson, a entretenu une liaison avec un marin français qui a rejoint de Gaulle. Adolphe Lamesch a été plus qu’un père pour Robert. Canonnier sur le destroyer La Combattante (celui-là même qui a ramené le Général en France), il a péri en février 1945, lorsque son navire a sauté sur une mine allemande. Aujourd’hui quinquagénaire, Robert ose enfin rencontrer sa famille, ses sœurs, son beau-frère, et reconstitue toute une histoire tenue jusque là secrète. Un roman d’autant plus émouvant qu’il repose sur une histoire vraie, Adolphe Lamesch étant l’oncle de l’auteur.  

L’ombre de la guerre plane également sur le roman de Bernard Duporge, publié chez City, « Le prix de la terre ». C’est le Bordelais, ses vignes et ses bois, qui sert de cadre à l’intrigue. Homme respecté et respectable, héros de la Résistance, Gentil Bacquey est enterré avec tous les honneurs qui lui sont dus. Mais à peine la tombe est-elle recouverte que les langues se délient. Et si le héros n’en était pas un ? Son ennemi juré, qui lorgne sur ses terres, affirme même que, sous couvert de Résistance, il aurait commis bien des crimes. La famille ne résiste pas à cet ouragan de calomnies. La mère se mure dans le silence, le fils perd la raison et son épouse devient la maitresse du rejeton de leur ennemi. Mais la vérité, comme le loup, finit toujours par sortir du bois.

Comme Bernard Duporge, Daniel Herrero est un poète, un poète du rugby qu’il chante de sa voix rocailleuse. Il publie chez Plon, un « Dictionnaire amoureux de l’Ovalie » des plus savoureux. Car le rugby c’est un monde, une terre, un pays, avec sa langue, ses lois, ses traditions, ses rites. Car, pour Daniel Herrero, le rugby est presqu’une religion, une société initiatique. Celui qui y pénètre ne peut en ressortir que transformé. Deux siècles après sa naissance dans un collège anglais, le rugby n’en finit pas de construire, match après match, sa légende.

                                                                   Jean-Luc  Aubarbier.

Comments are closed.