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by • 10 octobre 2025 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 10 octobre 2025.37

Essor Sarladais du 10 octobre 2025.

Guerres d’Algérie.

Le Tour des Livres.

   Souvent primé, notamment lors du dernier salon Noir Vézère au Bugue, Gilles Vincent a débuté sa carrière d’auteur de polars avec « Djebel », réédité en poche chez Cairn. Le détective Sébastien Touraine reçoit la visite de Viviane qui veut savoir pourquoi son frère jumeau s’est suicidé, quarante ans plus tôt, alors qu’il venait d’embarquer sur le bateau qui le ramenait en France, après un service militaire en Algérie. Touraine retrouve les membres du peloton auquel appartenait Antoine Berthier, jeune soldat qui refusait la torture, pour découvrir qu’ils ont tous été assassinés récemment. Tous, sauf un, le capitaine Murat devenu général. Puis c’est sa cliente elle-même qui est égorgée dans sa baignoire. S’agit-il de la vengeance d’un survivant d’un village de Kabylie ravagé par le peloton ? Aidé par la commissaire Aïcha Sadia, Touraine se lance sur la trace de Murat, avant qu’il ne soit trop tard. Un bon polar sur l’honneur et le déshonneur de l’armée.

Algérie toujours, mais en l’an 1900, avec « « Malheur aux vaincus » de Gwenaël Bulteau, paru en 10X18 et à la Manufacture des Livres. L’armée a laissé le pouvoir à un régime colonial corrompu, la violence et le racisme sont omniprésents. De riches colons, les époux Wandell, sont assassinés dans leur villa, avec une domestique et deux gardes. On soupçonne des bagnards évadés (en fait des condamnés mis en service auprès des Wandell). Le lieutenant Julien Koestler mène l’enquête. En parallèle, le lecteur suit une expédition militaire (qui a bien réellement eu lieu), partie d’Algérie pour conquérir le Tchad sous la direction du capitaine Voulet. Ce dernier, fou d’ambition et n’obéissant plus aux ordres, fait détruire les villages et massacrer les civils (on songe au colonel Kurtz d’Apocalypse now, inspiré du roman africain de Joseph Conrad Au cœur des ténèbres). En tournant les pages de cet excellent roman, on découvre le rôle des Alsaciens (chassés de leur province par la Prusse), fort nombreux en Algérie, le rôle des sociétés secrètes musulmanes et les bandes d’orphelins cruels et attachants, qui hantent les rues d’Alger.

Arrière-petit-fils de l’instituteur d’Albert Camus, Frédéric Germain nous propose « Nos vies volées » son premier roman paru aux éditions des Escales. En 1957, pour son service militaire, Christian Beretteau est envoyé dans une caserne perdue au milieu du bled algérien. Il n’a jamais quitté Nantes, cette expérience a des parfums d’aventures, mais on sait dès le début qu’il n’en reviendra pas vivant. La narratrice, sa fiancée rencontrée sur place, écrit en 1991, au moment où l’Algérie indépendante sombre dans la violence et l’islamisme.

Périgourdine d’origine, Carine Raphaëlle a reçu le prix La Boétie 2025 pour « Les deux côtés de la mer » paru aux éditions Douro. En 1956, un enfant fuyant les soldats et son hameau dévasté, est recueilli par un jeune appelé. Le roman raconte comment, malgré les violences de la guerre et le choc des cultures, des liens puissants peuvent se nouer, si forts qu’ils déterminent toute une vie.

                                                                           Jean-Luc Aubarbier.

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