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by • 17 juillet 2025 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 18 juillet 2025.28

Essor Sarladais du 18 juillet 2025.

La Petite Bonne de Bérénice Pichat, prix des libraires 2025.

Le Tour des Livres.

     En littérature, il est d’heureuses surprises. Le prestigieux prix de Libraires 2025 a été attribué à Bérénice Pichat pour « La Petite Bonne » aux éditions Les Avrils. L’auteure a rendu visite aux Périgourdins à l’occasion du festival Les Plumes de Léon à Saint-Léon/Vézère. Elle n’a pas de nom, cette petite bonne qui s’échine à gagner sa vie dans trois familles. Elle est l’invisible personnage que personne ne remarque, celle qui se consacre aux corvées les plus humbles.  Chez les Daniel, elle doit s’occuper de monsieur, une « gueule cassée » revenu de la guerre sans main, sans jambes et sans visage. Elle doit le laver, le nourrir. Les Gueules Cassées, on les a célébrés en 1918, puis on les a cachés. Ils ne sont pas réinsérables. Déjà, une autre guerre se profile.  Auprès de lui, elle prend de l’importance : c’est un homme cultivé, pianiste autrefois. Il lui fait découvrir la musique, elle lui prête son corps, ses jambes.  Nous sommes en 1938.  Madame Daniel s’est dévouée corps et âme pour son mari, mutilé alors qu’ils venaient de se marier. Pour la première fois, elle ose prendre quelques jours de congés, grâce à la petite bonne qui prend soin de Blaise. Et si monsieur avait un autre projet, et besoin d’elle ? Un roman saisissant, d’une grande qualité littéraire, qui sait alterner le vers libre et la prose.

Parmi les écrivains voyageurs, il faudra désormais compter sur François-Henri Désérable dont l’excellent « Chagrin d’un chant inachevé » vient de paraitre chez Gallimard. L’auteur s’est lancé sur les traces du Che, à l’époque où il n’était encore qu’Ernesto Guevara. Avec son ami Alberto Granado, en 1951, il a traversé l’Amérique du sud, depuis l’Argentine jusqu’au Venezuela, à moto et en stop. C’est au cours de cette épopée qu’il va devenir le Che. L’auteur nous fait découvrir un Che « sur la route », à la manière d’un Kérouac, un homme qui n’est pas encore caché par sa légende. L’auteur lui-même se met en scène, avec un « art de voyager » que n’aurait pas renié Montaigne. Les désagréments du voyage favorisent  l’écrivain, plus que les grands paysages. Il n’hésite pas à citer Taine « on voyage pour changer non de lieu mais d’idée ».

C’est un récit minuscule et profond que nous livre Françoise Monnier avec « Alfredo Suarez » paru aux éditions Confluences. A travers Bordeaux, Arcachon, le Médoc, on suit Ada et ses souvenirs de famille. Elle a 3 ans, en 1929, quand son père meurt. Elle a 9 ans, en 1934, quand Madeleine, sa mère, rencontre Adolfo Suarez, un commerçant juif beaucoup plus âgé qu’elle. Elle a 15 ans, en 1940, quand les lois antisémites de Vichy viennent le cueillir sur les bords du Bassin. Il est arrêté et conduit au camp de Mérignac. Ada est une belle jeune fille que beaucoup d’hommes courtisent. Elle va sauver son beau-père. Une écriture bercée par la psychanalyse.

Chez Flammarion, Véronique Mougin nous parle des héros ordinaires en 1940, avec  « A propos d’un village oublié ». Marguerite, sa grand-mère, est traquée par les nazis. Alors les habitants la cachent, la nourrissent, lui fournissent des papiers. Le maire, le docteur, le curé, les fermiers, tous s’unissent pour qu’elle échappe à la mort.

                                                                        Jean-Luc Aubarbier.

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