Quelques pépites de la littérature française.
Le Tour des Livres.
Chaque roman de Karine Tuil est un enchantement. Souvenons-nous des deux derniers : « Les choses humaines » (adaptés au cinéma par Yvan Attal) et « La décision ». Toujours chez Gallimard, elle nous entraine dans les milieux du cinéma avec « La guerre par d’autres moyens ». Dan Lehman, un ancien président de la République est marié avec une célèbre actrice, Hilda Müller (on pourrait songer à Nicolas Sarkozy ou à François Hollande). Dépressif, alcoolique, il est obsédé par sa propre image (il est aussi un écrivain raté). Il observe sans réagir le naufrage de leur couple, réservant son affection à leur fillette handicapée, regrette sa séparation d’avec Marianne (romancière confirmée). Hilda vient d’obtenir le premier rôle dans un film promis à un grand succès (on parle de la palme d’or à Cannes). C’est sa dernière chance d’accrocher une carrière internationale. Elle devient la maitresse du réalisateur, un homme violent qui harcèle ses collaboratrices. Le scénario a été adapté d’un roman de Marianne. Ce ballet de couples qui s’entrecroisent n’a rien d’amoureux. Il est féroce. Cette psychanalyse des mondes politique, littéraire et cinématographique révèle la grande cruauté des jeux de pouvoirs, tout en posant des questions plus individuelles : qu’est ce qu’un politique ? Qu’est-ce qu’un écrivain ?
Prix Femina, Grand Prix du Roman de l’Académie Française, « Le Rêve du Jaguar » de l’écrivain franco-vénézuélien Miguel Bonnefoy, paru chez Rivages, a particulièrement bien réussi sa rentrée littéraire. L’auteur ressuscite avec brio le baroquisme et le réalisme magique des auteurs sud-américains (on songe à Garcia-Marquez). Il nous raconte le destin fabuleux d’Antonio, enfant abandonné sur les marches d’une église de Maracaïbo, et recueilli par une mendiante. Il deviendra médecin, sous la protection d’un avocat, épousera Ana Maria, la première femme médecin de la région. Leur fille, Venezuela, voyagera jusqu’à Paris. L’auteur nous plonge dans un univers à la Corto Maltese, peuplé de prostituée et de marins, avec le style rapide, voltairien d’un conteur de grandes histoires.
Depuis « Le cœur cousu », paru en 2007, Carole Martinez n’a publié que quatre romans. Une autrice trop rare ! Son cinquième, « Dors ton sommeil de brute » vient de paraitre chez Gallimard. Dans un futur proche, le monde est plongé dans des désordres nouveaux. Des cauchemars, un Cri mystérieux, comme le hurlement d’une foule d’enfants, traversent les esprits. Les enfants sont les premiers atteints par le Mal. Pour protéger Lucie, sa fille, Eva a fui son mari et s’est coupée du monde. Il semble que les esprits de la Nature veulent communiquer avec les vivants. C’est dans cette nature même qu’Eva cherche la réponse.
C’est un ouvrage poétique, doux, presqu’immobile que nous propose Eric de Kermel avec « L’archipel de Claire », paru chez Robert Laffont. Claire a exercé son métier de psy auprès des femmes de l’île de Bréhat. Aujourd’hui, son époux est mort, son fils, marin, a quitté l’ile, il ne lui reste qu’un paysage merveilleux et une mer qui ne la lasse jamais. Jusqu’au jour où survient Aëlwen …
Jean-Luc Aubarbier.



Prix Richard Cœur de Lion 2025. Article suivant