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by • 18 avril 2025 • Mes chroniques littérairesCommentaires fermés sur Essor Sarladais du 18 avril 2025.82

Essor Sarladais du 18 avril 2025.

ECRIRE L’ILIADE.

Le Tour des Livres.

   Le Creusois Pierre Michon est considéré comme un des meilleurs écrivains français, nobélisable de surcroit. Il nous le confirme avec « J’écris l’Iliade », publié chez Gallimard. L’Iliade d’Homère est supposé être le premier récit littéraire de l’humanité (en tout cas du berceau de l’humanité que constitue l’Europe méditerranéenne). Il en résulte que toute littérature n’est qu’une réécriture de l’Iliade. Dans « J’écris l’Iliade », l’auteur se met en scène dans une suite de récits, souvent d’un érotisme érudit, avec des images audacieuses et saisissantes : la locomotive à vapeur qui l’emporte pour ses « trois jours » est casquée comme les hoplites, elle gémit et souffle d’amour comme une femme. Les paysans sur leur tracteur sont des guerriers sur leur char. Il imagine Homère sur son lit de mort, dans un dernier geste d’amour envers la belle Hélène, les noces d’Eros et de Thanatos. La littérature crée la vérité et tous les écrivains sont les auteurs de l’Iliade (on songe à Giono et son merveilleux « Naissance de l’Odyssée »). Le livre s’achève par un gigantesque autodafé de toutes ces Iliade que constitue la bibliothèque de l’auteur.

Chez le même éditeur, Camille Laurens nous propose « Ta promesse », le dialogue de l’écrivaine Claire Lancel avec son avocat, tandis que Gilles, son mari,  metteur en scène de théâtre, est dans le coma. Elle est accusée d’avoir voulu le tuer. Tout semble partir d’une promesse : Gilles a demandé à Claire de ne jamais écrire sur lui. En échange, il s’est engagé à ne pas la trahir. Claire raconte le mal-être de Gilles et son comportement agressif à son égard. Est-il jaloux de son succès ? N’est-il qu’un égoïste seulement intéressé par lui-même ? De mensonges en manipulations, leur relation s’est envenimée. Les faits sont têtus, mais la vérité, en littérature, est-elle une chose accessible ? Les sentiments, les idéaux sont-ils autre chose que des illusions ? La vie n’est-elle pas un songe ?

Avec « Vous parler de mon fils », paru chez Julliard, Philippe Besson s’attaque, avec art et sensibilité, aux problèmes du harcèlement. Vincent et Juliette participent à une « marche blanche » dans les rues de Saint-Nazaire, en mémoire de leur fils, Hugo, qui s’est suicidé à 14 ans. Vincent dialogue avec lui-même et cherche à comprendre. Quand Hugo a-t-il perdu pied face aux harcèlements de ses camarades ? En quoi Vincent et Juliette sont-ils coupables de n’avoir rien vu ? Comment pardonner ? la mémoire balance entre les souvenirs joyeux et les plus pénibles, en un puissant réquisitoire contre la bêtise et la violence. 

Les éditions Robert Laffont rééditent en poche « La fin d’une liaison » de Graham Greene. Pendant le Blitz, à Londres, l’écrivain Maurice Bendrix devient l’amant de Sarah. Un bombardement les sépare. En 1946, Henry, le mari de Sarah, demande à Maurice de surveiller sa femme qu’il pense infidèle. Bendrix, rongé par la jalousie, engage un détective privé …

                                                                          Jean-Luc Aubarbier.

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